Mon avis : Les Sept Jours du talion est un ouvrage qui va très rapidement toucher le lecteur. En effet, un père de famille dont l’enfant de sept ans a été violée puis tuée découvre que la vie qui a été prise « mérite » vingt-cinq ans de prison, qui peuvent être abaissés à quinze en cas de bonne conduite. Comment tolérer cela ? Le choix de la vengeance et de la torture, s’il n’est bien évidemment pas acceptable, est cependant compréhensible. Nous allons donc être bercés entre deux sentiments tout au long de ce récit : va-t-il torturer et tuer ce montre, ou sera-t-il arrêté à temps ? Et lui, victime qui devient bourreau, quelle peine risque-t-il ? En parallèle, nous allons suivre les investigations de la police locale, qui va tout mettre en œuvre afin de trouver la planque de Bruno Hamel et de l’éviter de commettre l’irréparable. Patrick Sdnécal nous démontre aussi la part de responsabilité que peuvent avoir les médias dans une telle affaire, mais également la descente aux enfers que vivra Sylvie, cette mère qui a perdu son enfant d’une odieuse façon, et qui découvre désormais son mari sous les traits d’un homme assoiffé de vengeance.
Le personnage principal de ce roman va faire passer le lecteur par mille et un ressentis. Nous allons tout d’abord être choqués lorsque Bruno Hamel trouvera le corps de son enfant, puis partager sa colère face à la justice de son pays. Nous allons également suivre le plan qu’il élaborera au fur et à mesure, et nous allons ainsi assister à sa transformation, car il va peu à peu devenir ivre de vengeance. Mais cela va-t-il l’entraîner dans une spirale infernale, à la limite de la raison, ou au contraire cela parviendra-t-il à l’apaiser ? Et puis, il y a bien sûr le monstre, au sujet duquel Bruno Hamel souhaite en savoir le moins possible. Il veut tout ignorer à son sujet, idéalement jusqu’à son nom et son passé, sans aucun doute pour le déshumaniser au maximum – et le lecteur n’en saura pas beaucoup plus que lui. Mais malgré toutes les atrocités qui lui seront faites, nous ne pourrons en aucun cas le prendre en pitié. Sylvie, quant à elle, est dévastée par ce à quoi elle doit faire face, et nous ne pourrons qu’avoir beaucoup d’empathie pour cette femme. Et n’oublions pas les différents inspecteurs mis sur le coup, et en particulier Hervé Mercure, le responsable de l’enquête, qui a lui aussi un lourd passé.
L’écriture de Patrick Senécal semble juste. On pourrait croire que les faits relatés sont réels, tant sa plume rend tout ceci vraisemblable. Notons d’ailleurs que l’auteur a choisi de situer son action à Drummondville et dans les alentours, soit son lieu de résidence, et donc des coins qu’il connaît parfaitement. Par ailleurs, le récit est rédigé selon une sorte de compte à rebours : tout commence le jour de la disparition de Jasmine, qui va être suivie quelques heures plus tard de la découverte de son corps. Puis arrivent le procès, le premier jour de captivité, puis le second… jusqu’au septième. L’intrigue est rondement menée, et le suspense est le fruit du travail d’une main de maître. Je ne parviens pas à trouver les mots justes de ce roman, tant il a su me toucher et me captiver de la première à la dernière page. Le mieux est donc de conclure ainsi : lisez-le !
À recommander : Ce livre est une vraie pépite, mais attention, certaines scènes peuvent choquer. Un thriller horrifique de grande qualité pour lecteurs avertis !
Une citation : « Autre constante : la lucidité de Hamel, très conscient de ce qu’il était en train de faire, très conscient qu’il commettait un crime, très conscient des conséquences. Tellement conscient qu’il avait même l’intention, à la fin de se rendre aux autorités. Car, comme il l’avait dit deux fois, il avait tout perdu. Sauf la possibilité de se venger. » p.135
Lien vers ma chronique : https://loasislivresque.com/2016/09/14/les-sept-jours-du-talion-patrick-senecal/