Sri Lanka nous était conté
Il y a eu des livres d'écrivains sri-lankais, qui ont reçu un accueil confidentiel, quand ils ont été traduits. Il y a eu Dheepan, Palme d'or à Cannes, le beau film de Jacques Audiard, autour d'un...
le 11 mars 2024
Il y a eu des livres d'écrivains sri-lankais, qui ont reçu un accueil confidentiel, quand ils ont été traduits. Il y a eu Dheepan, Palme d'or à Cannes, le beau film de Jacques Audiard, autour d'un réfugié tamoul. Il y a eu 26 ans d'une guerre civile atroce dans l'ancien Ceylan, qui n'a pas vraiment attiré l'attention des médias occidentaux : trop longue, trop lointaine, trop complexe. Maintenant, il y a Les sept lunes de Maali Almeida, qui a valu à son auteur, Shehan Karunatilaka, d'obtenir le très prestigieux Booker Prize. En le recevant, celui-ci a remercié son éditeur d'avoir publié ce livre "bizarre, difficile, étrange." D'autres qualificatifs pourraient être ajoutés : dense, labyrinthique, inextricable, sombre, satirique, fantastique... Cette histoire d'un mort récent, stationné dans un entre-deux administratif, et qui a 7 jours pour découvrir qui l'a tué et pour quelles raisons, se déroule au plus fort de la guerre, que le héros du livre documente en tant que photographe. Il faut s'accrocher à la lecture de ces sept lunes, entre le monde fantastique des morts-conscients et le théâtre des vivants du Sri Lanka, tandis que les dernières heures de Maali Almeida nous sont progressivement dévoilées. Malgré ou à cause de son style ébouriffant, le livre est épuisant pour peu que l'on se détache de son intrigue à plusieurs têtes et que l'on n'arrive pas à suffisamment se passionner pour son héros très excessif. Les sept lunes de Maali Almeida appartient à cette catégorie de livres, assez rares, en définitive, dont on ne peut louer que la richesse et la virtuosité, mais qui, dans le même temps, peuvent susciter un grand attachement autant qu'un renoncement graduel, devant une telle accumulation d'horreurs, de sortilèges et de chaos.
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le 11 mars 2024
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