C'est l'histoire de Javier Cercas qui, comme à peu près tous les journalistes, aimerait écrire un livre. Et un bon, si possible. Il trouve son sujet dans l'écrivain Raphael Sánchez Mazas, l'un des fondateurs de la Phalange (mouvement politique d'Extrême droite), survivant au peloton d'exécution des troupes républicaines, sauvé par un jeune soldat pourtant ennemi. Il tente alors de retrouver les protagonistes de cette histoire enfouie depuis plus de soixante années et découvre ainsi, éclairant le passé afin de s'éclairer lui-même, le livre qu'il doit ou devait écrire.
L'écriture accessible, simple mais chargée de sens, conviendra au plus grand nombre.
Une piste d'interprétation :
La notion de héros est très importante. Qu'est-ce qu'être un héros ? Passons la définition mythologique, un héros est par définition (je cite le Robert 2004) un « homme digne de l'estime publique, de la gloire, par sa force de caractère, son génie, son dévouement total à une cause, une œuvre ». Ainsi un inconnu ne peut pas prétendre à un tel rang. Dans Les Soldats de Salamine, jusqu'au bout et malgré les preuves presque irréfutables, Miralles refuse de dire qu'il est le soldat qui avait laissé vivre Sánchez Mazas, il refuse d'être le héros, et d'une certaine façon d'être le héros de la quatrième définition du dictionnaire, celui du livre, qui est un récit réel, martèle Javier Cercas. Il semble y avoir un lien entre tous ces héros, ce récit réel et la rencontre avec Bolaño, auteur de La Littérature nazie en Amérique – je le souligne car il s'agit d'un recueil de textes aux apparences biographiques, alors que tout n'est que fiction : je ne veux pas dire que Javier Cercas a suivi les conseils de Bolaño en inventant la fin du récit... mais je crois que cela est une hypothèse probable et que peut-être sa rencontre avec Miralles n'a jamais eu lieu... même si Bolano avoue aussi, au début de sa rencontre avec Cercas, qu'un bon écrivain n'est pas un écrivain avec de l'imagination mais un écrivain ayant une bonne mémoire.