Ma vie avec Clint
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le 14 oct. 2016
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1574, Agrippa d’Aubigné investit une forteresse « par escalade ou par intelligence ». La veuve du châtelain obtient d'Henri de Navarre qu'il renonce à sa prise. Agrippa refuse. La Salle, capitaine catholique, se propose pour la reprendre par la ruse. Deux soldats stipendiés s'engagent à le laisser pénétrer dès qu’Aubigné sortira avec sa troupe, mais confient l’arrangement à leur chef. Agrippa feint une sortie. Une troupe de soldats, travestie en paysans et en femmes, se présente. On leur entrouvre les portes et, alors qu’ils se réjouissent à l’idée d’un succès facile, les massacre à bout portant. Quarante-huit tombent mortellement frappés. La Salle, qui approchait avec quatre-vingt chevau-légers, est averti par un rescapé et tourne casaque. Agrippa s'élance à la tête de cinquante de ses cavaliers à ses trousses, sans succès. Le Robert décrit d’Aubigné comme un « humaniste érudit autant que vaillant guerrier. » Comment ne pas être troublé par cet humaniste qui refuse de se soumettre aux injonctions de son prince, tend une embuscade à ses ennemis, les abat froidement et qu’une dernière bouffée de colère jette à la poursuite d'un adversaire en fuite !
« Quiconque sur les os des tombeaux effroyables
Verra le triste amant, les restes misérables
D'un coeur séché d'amour, et l'immobile corps
Qui par son âme morte est mis entre les morts,… »
Fût-il né en un autre temps, qu’Agrippa eût été l'égal de Ronsard et ses délicats sonnets agrémenteraient nos anthologies.
« Nous ferons, ma Diane, un jardin fructueux :
J'en serai laboureur, vous dame et gardienne.
Vous donnerez le champ, je fournirai de peine,
Afin que son honneur soit commun à nous deux… »
Hélas, il est né protestant et l'heure est à la guerre civile. A huit ans, il assiste à la décapitation de cent huguenots, que son père, étrange juge, lui fait jurer de venger. Un opportun duel l’éloigne du Paris de la Saint Barthélémy. Il rejoint son ami Henri de Navarre. Ils guerroieront de 1568 à 1570, puis de 1573 à 1577, enfin de 1580 à 1593. Il alterne combats et missions diplomatiques, excellant dans la guérilla, jusqu'à l'abjuration fatale de 1593 : non Paris ne valait pas une messe. Il refuse tout compromis, se réfugie à Genève et poursuit la lutte par la plume. C'est en 1616 que, sous le pseudonyme de L.B.D.D. (le bouc du désert), il publie Les Tragiques, poème en sept chants des horreurs d'une guerre perdue, que la France enfin apaisée aspire à oublier.
« J'ai vu le reître noir foudroyer au travers
Les masures de France, et comme une tempête,
Emporter ce qu'il peut, ravager tout le reste ;
Cet amas affamé nous fit à Montmoreau
Voir la nouvelle horreur d'un spectacle nouveau.
Nous vînmes sur leurs pas, une troupe lassée
Que la terre portait, de nos pas harassée.
Là de mille maisons on ne trouva que feux,
Que charognes, que morts ou visages affreux.
La faim va devant moi, force est que je la suive.
J'ouïs d'un gosier mourant une voix demi-vive :
Le cri me sert de guide, et fait voir à l'instant
D'un homme demi-mort le chef se débattant,
Qui sur le seuil d'un huis dissipait sa cervelle. »
Diable d'homme...
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le 22 mars 2016
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