Le monde sont fou, ma pauvre vieille, le monde sont fou.

Terrible constat que celui-ci. Et "Blaise sortit de sa poche l'immensité d'un mouchoir à carreaux".

D'puis la mort de la Jeanne, les choses sont pas faciles, la ferme, tout seul, et faire à manger, et entretenir ; il y a bien l'âne mais c'est pas facile, il est vieux aussi, faut dire. A propos de vieux, il y en a deux autres, Baptiste Talon, soixante-douze ans et Jean-Marie Péjat, soixante-quinze, les camardes de Blaise Poulossière, pas tout jeunes mais pas éteints. Et pourtant, faut voir ce que ça descend d'chopines ! Y a pas d'âge pour un petit verre, et puis c'est l'occasion de refaire un saut Verdun, parce que c'était autre chose que la Somme ! Et pourtant, c'est tous les jours les rhumatismes, les brimades, c'est plus comme avant, il est peut-être d'aller faire un tour ailleurs. Et pourquoi on irait pas à Gouyette ? Ah Gouyette ! La maison de vieux, on y sera comme des pachas là-bas !

Et c'est parti, un court roman, épique, un road movie mais avec des vieux, pas pressés. Deux cents pages, bien remplies de vingt-trois kilomètres entre le passé et le présent. Les trois vieillards sont irrécupérablement anar', buveurs, menteurs, filous et pas les derniers sur la chose ! Et toujours à chercher la bagarre ! Et souvent, aussi, amis ! Et c'est sans doute la petite magie du livre. Si on écarte, évidemment, le style léger, paysan-délirant, de Fallet, mais ça serait malvenu !