L'envoûtement d'une île

La guerre des anges, Le marchand de passés, Barroco tropical, La société des rêveurs involontaires ... : l'univers poétique, onirique et singulier de l'écrivain angolais José Eduardo Agualusa se trouve déjà dans les titres de ses romans. Nouvelle preuve est donnée par Les vivants et les autres, sis en la splendide île de Mozambique, lors d'un festival littéraire qui réunit un aréopage d'auteurs africains qui vont se retrouver isolés pendant quelques jours, sans nouvelles du monde extérieur. Ce sont eux les vivants, mais qui sont donc les autres ? Des morts et des fantômes ou bien des créatures nées de leur propre imagination ? Agualusa s'amuse en tous cas beaucoup, et nous pareillement, avec les peurs et les égos d'écrivains qui hésitent sur l'identité de leur lieu de séjour : le paradis ou l'enfer ? Les discussions vont bon train sur les thèmes les plus divers : la fiction, l'africanité, la célébrité, etc, avec la malice et la fraîcheur habituelles de l'auteur angolais. Lequel ne se prive pas d'insérer de nombreuses petites histoires et contes qui enrichissent un livre qui manifeste une grande liberté et ne revient à son intrigue centrale que quand cela lui chante. Cette ode à l'imagination, aux rêves, éveillés ou non, et à la littérature comme remède aux contraintes de l'existence, n'est pas loin d'être le meilleur livre de José Eduardo Agualusa, son plus ludique, en tous cas, et qui donne une furieuse envie de s'envoler dare-dare (d'art, d'art ?) vers cette envoûtante île de Mozambique.