Franz Kafka nait à Prague le 3 juillet 1883, ses deux frères meurent en bas âge, et il aura deux soeurs cadettes : Valli et Ottla. Son père est un homme très porté sur l'apparence, dur, avec des idées bien tranchées sur les choses. Son enfance a été difficile, il a dû travailler très jeune et se servir de son salaire pour aider ses parents, il n'a de cesse de dire que ses enfants eux ne manquent de rien et leur reproche leur ingratitude. Sa femme quant à elle est une femme patiente, effacée, qui sait contrebalancer avec la sécheresse paternelle. Franz, lui tient plus du côté maternel, angoissé, sensible, il n'a pas la force de caractère que son père attend chez un homme et ce dernier n'a de cesse de lui faire remarquer. De plus, il dénigre systématiquement les fréquentations du jeune homme ainsi que les personnes qu'il admire, l'empêchant ainsi de se construire. Il contrarie aussi ses aspirations mystiques, en effet, la famille est juive, mais Kafka père ne prend pas la religion au sérieux, il se contente de vaquer aux devoirs minimum pour ne pas passer pour un mauvais croyant aux yeux de la communauté. Franz, qui le considère comme un modèle ne peut donc pas s'épanouir pleinement spirituellement. Il grandit dans l'ombre de son père, qui le considère comme un raté, malgré son succès croissant comme écrivain. Dans cette lettre il règle ses comptes avec son père, mais celui-ci ne la lire jamais.
Je vous passe les considérations freudiennes faciles, Franz s'est construit en opposition symétrique à son père blabla, je laisse ça aux psys de comptoir. ON en apprend beaucoup sur l'enfance de Kafka et même sur sa vie d'adulte, notamment ses amours. C'est un homme pour qui la famille est une valeur primordiale, il a donc tenté plusieurs fois de se marier, sans succès. C'est un angoissé chronique et l'engagement l'effraye. Chaque reproche est aussitôt tempéré par des justifications de son caractère faible, et même à l'écrit Kafka n'arrive pas à s'opposer fermement à la figure paternelle. Il regrette de ne pas avoir partagé plus de choses avec son père, il dit à plusieurs reprises que si ils n'avaient pas partagé des liens filiaux ils auraient sûrement pu être amis. On ressent l'amour immodéré qu'il porte aux femmes de sa famille, à sa mère toujours protectrice, à ses soeurs et notamment Ottla, qui elle a su faire face au père tyrannique, et il l'en admire pour cela. C'est un témoignage émouvant, au style fluide, cependant aucune trace du surréalisme qui fait l'originalité de l'écrivain. Ne cherchez pas de cafard géant ou d'innocent accusé à tort (quoique), pas la moindre trace d'absurde ici. Et je dois dire que le réel ne réussit pas à notre cher Franz. A conseiller aux fans absolus ou aux amateurs de psychanalyse.