Je dois ma découverte d’Anthony Daniels alias Theodore Dalrymple à l’excellent youtubeur Maudin Malin qui proposait sur sa chaîne secondaire il y a de cela 1 an la lecture complète de cette compilation d’articles. Il en assurait lui-même la traduction. Ce travail fastidieux a abouti au projet d’une traduction française officielle aux éditions Carmin sous l’égide d’un autre youtubeur connu de droite Mos Majorum. La parution de cette traduction a eu lieu en juin et j’en ai été l’heureux acquéreur. La redécouverte de l’ouvrage sous le format du livre a été l’occasion pour moi de me rafraîchir la mémoire sur les thèses défendues par l’auteur.
Les chapitres de ce livre abordent successivement les vicissitudes auxquelles sont confrontées le sous-prolétariat anglais que l’exercice de son métier de psychiatre l’a amené à rencontrer. Il a par ailleurs enrichi le recueil de ses témoignages par des enquêtes au sein des milieux qu’il souhaitait décrire.
Dans son livre, il met en avant la perte de repères moraux comme un des facteurs déterminants dans l’évolution de la société britannique qu’il estime allant en se dégradant. A l’instar de mai 68 en France, la promotion des principes de liberté inconditionnelle et de relativisme des valeurs par les élites a progressivement diffusé jusqu’aux classes les plus défavorisées.
Le relativisme des valeurs a contribué à justifier aux yeux des élites de ne plus valoriser la moindre forme de beaux-arts, au prétexte que toute forme d’art se vaut et qu’un opéra de Mozart ou une sonate de Beethoven à la même valeur qu’une chanson d’Aya Nakamura. On prive ainsi toute une partie de la population de sortir de l’enclave culturelle dans laquelle ils ont pu naître. De la même manière, il n’apparaît plus nécessaire d’enseigner les bases de la grammaire, de la conjugaison et de la syntaxe car elles seraient oppressives pour ceux qui ne la maîtrisent pas. Cette vision qui se veut altruiste a pour conséquence dramatique de justement priver les élèves des milieu populaires de la maîtrise suffisante de la langue pour s’extraire de leur milieu. De manière involontaire – en apparence – les élites renforcent donc les inégalités entre classe au lieu de les atténuer. Théodore Dalrymple dénonce également le laxisme judiciaire – prôner depuis des décennies par des criminologues gavées de sociologie foucauldienne. La recherche systématique d’excuses aux criminels qui culminent avec la justification fausse que la délinquance viendrait de la pauvreté a engendré un sentiment d’impunité chez les délinquants qui ne voit désormais aucune motivation à amender leur conduite puisqu’ils sont systématiquement excusés de leur responsabilité individuelle comme « victime » de la société et comme souffrant « d’addiction » à leurs conduites négatives, entre autres explication. Ces pseudo-justifications des sociologues auraient pour but de limiter l’oppression du sous-prolétariat par la police, vue comme une entité au service des puissants. Mais c’est tout l’inverse puisque la majorité des criminels exercent le plus souvent leur malfaisance là où il réside c’est-à-dire au sein même de la classe la plus défavorisée.
Au nom de la liberté individuelle absolue, les intellectuels progressistes tant en France qu’au sein de la sphère anglosaxone ont voulu abattre tous les tabous qui encadraient les pulsions les plus néfastes de l’espère humaine. Il est toujours bon de rappeler comment dans les années 70, le journal libération soutenait publiquement la pédophilie. Les intellectuels les plus proéminents de gauche ont voulu justifier leurs turpitudes dans leur ouvrage ou à la télévision : Cohn-Bendit, Foucauld, Matzneff, Roland Barthes la liste de ces figures de gauche dont les comportements abjects de notoriété publique est longue à commencer par leur maître à penser : Jean-Paul Sartre. Tous les penchants d’une sexualité débridée ont donc été valorisée et se sont manifestés par la fameuse « révolution sexuelle » dont les dégâts sur les relations hommes-femmes à l’heure actuelle se font désormais cruellement ressentir. Ces mœurs infusées dans le sous-prolétariat ont conduit à des situations familiales catastrophiques où les enfants sont désormais livrées à eux-mêmes depuis plusieurs générations et ne connaissent que ce genre de relations conjugales. La violence, la négligence et les sévices y sont répandus à une échelle que nous ne saurions imaginer et qui est indigne du niveau de « civilisation » auxquelles les états riches de l’Occident prétendent.
Par ces exemples, je ne fais que gratter la surface du sujet et des explications plus édifiantes encore se trouvent dans ce livre.
Les plus progressistes qui me liront me reprocheront sans doute d’adhérer à des idées les plus réactionnaires qui soient. J’assume avoir un penchant réactionnaire. Mais la plupart des sociétés du monde le sont bien plus. Ce terme « réactionnaire » doit cesser d’être une insulte. L’image véhiculée aujourd’hui dans les médias, c’est-à-dire la pensée dominante prônée par les élites dirigeantes de ce pays, est que la pensée réactionnaire serait « méchante » et qu’il faut se garder de tout jugement des individus. Mais l’expérience nous démontre l’inverse. L’évolution morale des 70 dernières années témoigne du fait que le mode de vie progressiste, ou qui se réclame du progrès, est autodestructeur et cause énormément de malheurs au plus grand nombre. Le mode de vie occidental ne s’est jamais épanoui dans un tel contexte moral. A l’allure où nous allons, il n’y aura bientôt plus personne pour prôner la tolérance, la démocratie et la liberté individuelle. Une fois que la « créolisation » aura fait son œuvre, il y aura un retour à des civilisations plus traditionnelle et autoritaire. A moins que ce soit le désir inconscient des élites qui nous dirigent.