Pour qui s’intéresse à l’histoire de la photographie le résumé de ce roman semblait séduisant : Talbot qu’on prenait pour l’inventeur de la photographie aurait été devancé de plusieurs années par une inconnue mais dont les négatifs auraient mystérieusement disparus. (Il faut savoir que pour les Anglais l’invention de la photographie n’est nullement le fait de Nicéphore Nièpce mais bien celui de William Fox Talbot qui obtint une image négative sur papier et pouvant être reproduite, ce qui constitue l’essence même de la photo argentique)
Il fallut, hélas rapidement déchanter. De photographie il est très peu question, alors que le protagoniste principal est lui-même photographe, quant au secret de « l’héliogénèse » prétendument découvert avant Talbot, nous n’en connaîtront pas le procédé – et pour cause- Le reste n’est guère plus épais. Au prétexte de retrouver une inconnue avec qui Ian Jarret a eu à Vienne une aventure aussi enflammée que brève, l’auteur va nous balader pendant 400 pages à travers l’Angleterre, son histoire, ses sites touristiques, d’intrigues en intrigues càd d’incohérences en incohérences. Il mêle à son récit des ingrédients aussi peu compatibles que le gène de l’hémophilie transmis à la famille Royale, la réincarnation, le secret médical, le dédoublement de personnalité, pour n’en approfondir aucun et ….pour étayer au final (et justifier en passant quelques crimes gratuits) une banale et sordide histoire de vengeance à laquelle le lecteur a bien du mal à croire. Reste une écriture (et une traduction) simple et lumineuse qui impose ses images à son rythme, sans à-coups, comme une mécanique bien huilée. Mais est-ce réellement suffisant pour parler de chef-d’œuvre ?