On va poser l’cadre parce que pour moi c’est super important ici. J’ai pu lire un peu partout que Lola Bensky était une plongée dans l’Amérique des années 70, où t’en apprenais plein sur la vie de Mick Jagger, de Jimi Hendrix et de toute la faune Woodstockienne. Alors comme c’est un milieu que je connais super mal en dehors des fantasmes d’adolescents dû aux pochettes de vinyles des vieux je me suis dis « wah trop cool allez go ! ». Bin mon vieux, j’ai été encore mieux servi que ça.
Oui oké, il sera question de libertés sexuelles, de drogues, d’interviews de stars et de futurs rocks stars (Jim Morrisson, Cher, Mama Cass,..) mais ce roman ne contient vraiment que deux chapitres consacrés aux interviews des légendes de la musique.
Lola Bensky est avant tout l’alter ego de Lily Brett, fille unique de rescapés des camps de la mort en Pologne, ayant vécue toute son adolescence en Australie. Comme Lily, Lola est devenue journaliste à 19 ans pour un célèbre magazine rock à Melbourne et a fréquenté des musiciens à l’aube de leur carrière, avec qui elle a entretenu des relations toujours très professionnelle, sans jamais goûter à leur mode de vie, à cause de bons nombres de ses phobies.
Parce que Lola Bensky a comme beaucoup d’enfants de survivants des troubles liés à son éducation (le besoin constant de soigner les autres, de gros problèmes de nourriture,…).
Troublant, bouleversant, il y règne une ambiance qu’on retrouve dans le Maus de Spiegelman, quand Art décrit la façon dont ses parents vivent aujourd’hui. Des parents qui restent prisonniers du passé, parlant aux morts à voix haute pendant qu’ils font la cuisine, ayant la peur constante de toujours manquer de nourriture mais détester le fait que leur enfant grossisse parce que dans les camps, seuls les nazis étaient bien portants.
Lily Brett détonne dans ce décor, prise entre deux feux, celui de la mort, et celui de la vie qu’on doit mener comme bon nous semble. On s’amuse de voir à quel point Janis Joplin pouvait être franche, profondément humaine, tout comme Jimi Hendrix et Mick Jagger, on comprend l’admiration de Lola pour Mama Cass, parce que pour Lola, qui a toujours eu des problèmes par rapport à son physique, Mama Cass incarne tout ce qui la dérange mais qui a su néanmoins aller plus loin que son physique.
C’est aussi un combat de femmes mené dans un milieu très masculin, arrogant, d’adolescents balancés en freestyle dans le succès et qui pètent complètement les plombs, une jeunesse qu’on a souvent eu tendance à colorer sans tenir vraiment compte de la réalité.
Ça n’a pas du tout été la lecture musicale et instructive à laquelle je m’attendais, mais j’ai été agréablement surpris par la tournure qu’a pris le bouquin en cours de route.