Ce livre est un piège, il est plus aisé de se laisser attraper que de le discerner et de l'éviter. C'est le récit d'un homme qui se défend d'un crime dont on l'accuse à raison et qui se rend pour un autre crime dont personne ne semble faire grand cas. C'est un homme qu'on juge pour meurtre, mais qui se déteste jusqu'au plus profond de son être d'avoir détruit la vie de la personne qu'il a aimée le plus au monde.
J'ai crû d'abord que Nabokov cherchait seulement à faire comprendre au lecteur qu'il faut faire attention à ce qu'on lit, ce qu'on entend et ce qu'on voit car son personnage est une si fine plume qu'on en viendrait presque à le plaindre de n'avoir pas su se retenir quand il en était encore temps; alors que la seule victime de cette histoire est bien Dolores, la tendre et vulgaire Lolita, qui nous rappelle pourtant sans cesse que c'est une enfant qui s'amuse à jouer l'adulte et non pas une adulte qui se comporte comme une enfant. L'auteur a dépassé les attentes que j'avais bâties autour de cette histoire terrible et fait comprendre aussi qu'il faut savoir se méfier de ce que nous croyons à propos de nous-mêmes et de ce que nous avons vécu. Ne dit-on pas que l'enfer est pavé de bonnes intentions ?
Je pense que ce livre doit être lu par tout ceux qui veulent apprendre à être de bons lecteurs, qui veulent savoir prendre du recul. Mais ces idées passent à travers une histoire qui demande un minimum de maturité et il n'est peut-être pas bon de le lire trop jeune.