Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins.
Lolita est réellement un des livres qui a changé ma vie. Je suis sûrement tombé dessus au bon moment, celui où j'étais vide et morne. Un moment où tout est bon à prendre : les jolies choses tendres mais aussi le côté malsain de la vie. J'ai bu chaque mot, me suis noyée parfois mais j'ai compris. J'ai vu au delà des apparences et du scandale, j'ai vu l'amour derrière la sale pédophilie puis, j'ai pleuré. Nabokov s'amuse avec nous, il nous présente les faits puis parle de Lolita, à quel point elle est infecte et perfide derrière son visage d'ange et surtout il insiste : Humbert est follement amoureux d'elle et la peste se joue de lui. On ressent alors de la compassion parce qu'on a tous vécu une situation de rejet, on se prend d'amitié pour Humbert, pour un pédophile. Et quand vient la fin, que les dernières pages sont tournées, on se retrouve seul avec notre mal-être et ce constat amère : j'ai compris la pédophilie. La pédophilie ne devrait jamais être comprise...
On se sent mal, envahi d'une honte irrepressible qui dure, dure et ne s'efface pas. On a compris ce qui nous a toujours révolté et on est contraints de l'admettre.
Sans jamais porter aux nues la pédophilie, puisque bien heureusement il la punie, Nabokov parvient à nous faire adhérer à cet amour coupable et interdit entre un homme et une enfant. Je me sens bafouée et trompée par cet auteur qui, avec de belles phrases, est parvenu à me faire douter de ma capacité à discerner le bien du mal. Il m'aura fallu des jours entiers pour remettre les choses à leurs places : Humbert Humbert est un pédophile, Dolores n'est qu'une fillette qui, comme tous les enfants, abuse de ses charmes pour obtenir ce qu'elle veut. Le pouvoir des mots est sans limite pour quiconque maîtrise l'art de l'écriture. En réussissant à nous faire adhérer à l'abjecte et à l'immonde, Nabokov prouve -une fois de plus- qu'il est l'un des plus grands écrivains du XXe siècle.
Du génie, messieurs dames, du pur génie.