Le Ragnarök n'est pas la fin
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le 16 janv. 2024
C'est divertissant, rythmé, visuel, mais il existe des scripts de cinéma mieux écrits que ça. Ce serait probablement un meilleur film que ce n'est un livre. Le style est uniquement descriptif, tout passe par la constatation immédiate des protagonistes. Ça a l'avantage d'aller à l'essentiel, et l'essentiel ici étant la baston on reste accroché (qui n'est pas diverti par un coup de hache dans les dents ?). Dans le genre, on est à des kilomètres de David Gemmell (Gwynne lui étant parfois comparé), mais ça reste "fun".
L'auteur est un bourrin qui rabâche constamment les mêmes formulations et descriptions. Tous les hommes de ce livre sont grands et costauds, toutes les femmes ont les cheveux tressés, toutes et tous ont un bouclier, une lance, des scramasaxes (sortes de long coutelas), une hache, une cotte de maille et un bonnet de laine. Tous, c'est répété encore et encore, ad nauseam. Les personnages "feulent", "haussent les épaules", "renâclent", TOUT LE TEMPS. Les mots "cage à pensée" (comprendre la tête) doivent être présents une page sur deux environ. Il est très fréquent qu'un chapitre débute avec un personnage s'éveillant (suite à un combat ou une beuverie), perdu, mettant plusieurs lignes à se repérer et se rappeler de la veille.
Les phrases n'en sont régulièrement pas, mais plutôt de courtes impressions et constatations, comme : "Un mur en bois. Douleur dans le crâne. Une odeur de cuisine." C'est immersif, le point de vue des personnages est embrassé à un niveau sensoriel, mais je ne peux m'empêcher de trouver le procédé facile et répétitif, peu intéressant au final. L'auteur est adepte de retours à la ligne pour appuyer un événement, ce qui est sacrément pompeux et inélégant, c'est l'équivalent de violons sous la pluie pour une scène de premier baiser.
Quant à l'aspect fantasy, il a le mérite de ne pas nous écraser d'un univers trop grand. Mais il en est limite trop petit, tant tous les lieux cités ou présents sur la carte sont visités au cours de ces 430 pages. On est dans une Norvège mythologique simplifiée et remaniée de la taille d'un département français :
En quelques jours l'une des héroïnes traverse la carte jusqu'à rejoindre un lieu légendaire censé être inatteignable depuis 300 ans.
De plus John Gwynne n'est pas des plus fins quand il s'agit de faire comprendre son univers. Après une poignée de pages, un enfant demande à ses parents de lui raconter l'histoire du monde... niveau exposition fainéante c'est fabuleux. Presque tout se déroulera de cette façon par la suite : un personnage est ignorant de quelque chose, et on le lui explique. Le problème est que ce quelque chose est bien souvent un élément majeur du fonctionnement du monde. L'artifice est visible.
L'histoire n'est franchement pas folle et ne dévoile ses enjeux qu'avec parcimonie. Les rebondissements sont anticipés par le lecteur des chapitres en amont, échouant à surprendre.
Mais ça reste un bouquin d'action rythmé qui se lit rapidement sans déplaisir. Les affrontements sont brutaux, les membres sont tranchés, percés, le sang gicle,... et c'est déjà pas mal !
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Créée
le 5 avr. 2024
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