Murakami, quand tu nous tiens...
Tandis que Bret Easton Ellis s'assagit, que Chuck Palahniuk devient un peu 'molasson de la plume', on peut toujours prendre une petite claque avec ce livre de Ryū Murakami (a ne surtout pas confondre avec Haruki Murakami), auteur qui me fascine de plus en plus...
Il a le dont de raconter des histoires plutot 'trash' avec un style si posé que sa prose ressemble à une infamante poésie... C'est glauque, c'est beau, c'est triste, plein de vie, alarmant, divertissant, violent, doux... Ce livre est un paradoxe littéraire qui pousse le lecteur à ne plus savoir ce qui est le bien de ce qui est mal.
Confronté à de multiple references médiatiques contemporaines (radio, TV, cinéma...) on suit les périples de cette lycéenne comme on suit un documentaire. C'est aussi proche que ces images qui nous martèlent sans cesse à la télé, mais terriblement distant à cause de cette culture et de ces references qui nous echappent. On se dit alors que "ce n'est qu'un roman", mais la differences avec un reportage télévisé, c'est que si on change de chaine, le reportage continue et se terminera sans qu'on se sente impliqué... Ici, c'est un roman, sans lecteur, il n'existe plus... Si on le ferme, il ne bougera pas, il ne changera pas, il ne se terminera pas tout seul, il nous demande une implication vraiment personnelle, et c'est précisément sur cette implication que mise l'auteur à mon avis... Une fois impliqué, une fois embarqué dans cette histoire, le lecteur est aussi 'perdu' que l'héroïne du roman... Même si on ne saisit pas toute les nuances et les subtilités utilisée par l'auteur pour décrire ce pan peu ragoutant de la société nippone, on en arrive presque à comprendre les motivations et le parcours de l'héroïne, et on en arrive presque parfois à 'se sentir sale'...
C'est prenant, poignant, remarquablement bien écrit mais s'adresse peut etre a un public relativement mature et averti.
Après des oeuvres qui montraient un veritable desespoir et dépeignait un Japon méconnu qui ne fait plus rever personne (Les Bébés de la Consigne Automatique, Miso Soup, Lignes, Parasites, Ecstasy, Melancholia, Thanatos...) Murakami revient a quelque chose de plus 'artistique' et de nettement plus posé, meme si le désespoir et la misère ne sont jamais loin comme il l'avait deja fait auparavant (Raffles Hôtel, Kyoko...) et quelques part, ça fait du bien... Là encore, l'effet du roman opère car dire "ça fait du bien" après avoir lu ce livre me pose un problème, car ce ne sont vraiment pas les 'bons mots'... A ce niveau là, il n'y a plus de mots qui gardent leurs sens, mais celui qui à perdu jusqu'a son essence doit surement être "manichéen"...
Un très bon Murakami.