Avec ce livre, je découvre l’écriture vive de Constance Debré. C’est même un euphémisme, tant parfois elle gratte l’œil avec sa colère, ses doutes, mais aussi certaines convenances. Car oui, même si on devine le profond désarroi qu’elle subit d’être une Debré, il n’en demeure pas moins vrai que l’on ne s’affranchit jamais à 100% de nos origines. Mais peu importe, ici, ce qui surprend, et m’a plu, c’est bien de lire à même sa chair, de ressentir avec elle ses apogées comme ses déroutes. Surtout sa déroute, ce flux obscène de la vie qui vous gangrène jusqu’à l’esprit, vous retire du confort à mesure que vous refouler les aides, voire mépriser, parfois injustement, ceux qui vous veulent du bien, tant vous êtes soupçonneux de la vie. À ce point qu’elle veut cesser d’aimer qui elle veut, avoir le pouvoir d’explorer l’inconnu pour le contrôler, lui tordre le cou.
En somme, une histoire « sur la route » sans se déplacer, et est-ce là le problème du livre : se croire à la marge quand on est au cœur du pouvoir. Pour autant, faut-il naître dans une famille non illustre pour savoir écrire ? Bien sûr que non. Son écriture est incisive, elle ne déborde pas sur du gras, elle l'expose au danger. N’empêche, attention de ne pas tourner en boucle quand la vie est conditionnée hors de l’existence ordinaire.