Imaginez un monde où l'homme, désormais sans fil, ne communique plus que par des connexions invisibles, débarrassé de tout appareillage électronique (à l'image des oiseaux, si l'on veut). L'oeuvre d'un savant fou et visionnaire qui ouvre la voie d'une société qui ressemble à un "paradis" infernal lequel n'a pas grand chose à envier à Orwell dans sa monstruosité fasciste au service du bonheur de l'humanité. LoveStar, de l'islandais Andri Snær Magnason est une dystopie abracadabrante qui, treize ans après sa parution d'origine est enfin traduite en français. Pourquoi tant de temps ? Trop dingue, trop barrée, trop visionnaire ? Euh, non, trop conceptuelle peut-être malgré tous les efforts de l'auteur pour y insuffler un brin d'humanité. LoveStar est un objet très brillant qui fourmille d'idées, certaines déjà contenues dans d'autres romans de SF, mais on n'y est jamais vraiment très à l'aise et en étant bien en peine d'en expliquer la raison. Déjà, Magnason adopte une construction bancale où alterne le portrait évolutif du dénommé LoveStar (celui qui est à l'origine de tout), dépassé par les applications pratiques de ses théories, avec la description d'un couple mis en péril par la désignation d'une âme soeur pour l'un des deux; à laquelle il est impossible de s'opposer sous peine de désocialisation. Pour être honnête, le livre contient des moments hilarants avec des personnages devenus des publicités vivantes, conditionnés à "aboyer" à chaque coin de rue des slogans pour une marque de bière ou de lessive à des individus ciblés. C'est absurde mais il y a bien davantage dans ce roman où l'on peut "rembobiner" son enfant s'il se montre trop rebelle et susceptible de mal tourner. Malgré l'ironie et l'humour noir, LoveStar a quelque chose d'agressif et de corrosif dans sa forme quand il ne se perd pas dans des explications longuettes et parfois peu compréhensibles sur les différents systèmes qui régissent cet univers. Peut-être, pour l'apprécier pleinement, faut-il être en pleine forme et se laisser totalement aller ? Peut-être. C'est tout de même une bizarrerie que ce LoveStar.

Cinephile-doux
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le 5 janv. 2017

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