Dans ce petit village d’Islande où les saisons se succèdent en ne se différenciant que par la longueur de jour laissée par la nuit, le quotidien est si morne que les plus petits détails font figure d’évènements et ne passent inaperçus de personne. Un rien suffit parfois à susciter la tempête, dans un tourbillon irrationnel de désirs, de ressentiments ou de craintes…
Tel le coryphée d’une tragédie grecque observant et commentant les actions aveugles des personnages, l’auteur se poste en témoin extérieur d’une série de saynètes, mettant en scène les menus incidents qui font figure de cataclysmes dans la vie monotone de villageois ordinaires. Toutes ces petites histoires gravitent autour de pulsions et de désirs plus ou moins licites et assouvis, de rancunes et de frustrations, de peurs irraisonnées toujours prêtes à surgir. Si elles emplissent la vie de leurs protagonistes, elles prennent une coloration bien dérisoire sous l’oeil critique et les commentaires caustiques de leur scrutateur.
Elles deviennent alors l’occasion de quelques réflexions critiques sur l’ineptie de nos existences contemporaines qui, choyées comme jamais par le confort et la facilité, n’en rendent pas les humains plus heureux. Prisonniers d’une immédiateté égoïste qui les isole les uns des autres, efface ceux qui les ont précédés et ne laissera rien aux générations futures, les hommes n’ont tiré aucune sagesse de leurs nouveaux savoirs. La science a remplacé croyances et spiritualité sans répondre à leurs questionnements fondamentaux et sans éradiquer leur peur du noir et de la mort. Les comportements les plus irrationnels ne demandent qu’à resurgir chez des êtres qui, par ailleurs, n’ont jamais mis le progrès à profit pour réfléchir et donner la priorité aux valeurs essentielles de la vie.
Aussi bien écrit et pétri d’humour qu’il soit, ce livre m’a profondément ennuyée. Les épisodes s’accumulent sans grand lien les uns entre les autres, et surtout sans vraiment illustrer un propos certes intéressant mais somme toute peu creusé. Leur succession m’a d’autant plus découragée, qu’en plus de ne s’y passer pas grand-chose, leur narration froide et distanciée m’a interdit toute émotion et tout attachement aux personnages. Surnage chez moi une impression persistante d’absurde non-sens, sans doute recherchée par l’auteur, mais qui m’a plus durablement assommée qu’intéressée.
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