Quand une boule apparaît mystérieusement dans le ciel en plein milieu de l'océan, la communauté mondiale décide de construire une station scientifique et de la placer juste en dessous, histoire que, si jamais le truc gigantesque qui tient en l'air sans qu'on sache comment s'effondre un jour, il détruise et tue un max de trucs très rares et très chers. Enfin, j'imagine.
Je suis Chattam de puis longtemps et j'ai été déçu en série par ses derniers bouquins, mais là c'est vraiment pas possible. Il n'y a pas grand chose qui existe dans ce roman. À tel point qu'on se demande s'il n'a pas un contrat qui le force à atteindre les 500 pages à chaque fois. Ici, tout est à nouveau dilué, survolé, on ne prend jamais le temps de s'arrêter, et l'absence de scènes marquantes finit par donner la vague impression que tout s'est déroulé en accéléré. On n'habite jamais ce livre.
D'autant plus que les personnages sont lisses et habités de sentiments issus d'un téléfilm de l'après-midi. Les dialogues sonnent systématiquement creux, et la fâcheuse habitude de Chattam de leur faire dire des trucs censés être profonds finit par toucher le ridicule. Personne ne parle comme ça dans la vraie vie, personne n'a de monologue intérieur comme ça. Là, je ne vois pas des gens, mais des clichés issus d'une mauvaise série qui se donnent du mal pour essayer d'avoir l'air intelligents.
En fait, Chattam a terminé sa transformation en chroniqueur de chaîne d'info en continu. Capable de sortir des pages et des pages de bla bla avec des mot-clés qui réapparaissent à un rythme régulier pour nous rappeler toute la profondeur de son discours. Alors tout y passe, les questionnements métaphysiques, le sens de la vie, l'écologie, la transidentité (j'aurais tendance à trouver ce dernier point plutôt touchant, et on peut au moins se féliciter qu'il en parle d'une manière bienveillante, mais noyé dans le reste, ça se met aussi à sonner creux. Bref, dommage), la géopolitique, la science, la religion. Rien ne fonctionne parce que tout semble sorti du discours lisse d'un libéral de base qui vient nous expliquer que la violence c'est mal, que l'impérialisme c'est pas top mais toujours mieux que les russes belliqueux, que le racisme c'est vraiment beurk parce qu'on a tellement à apprendre de l'altérité, tu vois. Et puis aussi, au fond, les scientifiques sont des espèces de croyants aussi. Parce que le sens de la vie nous obsède tous, c'est bien connu, je l'ai lu dans une copie du bac philo. Ou chez Enthoven, je me rappelle plus trop.
Donc philosophiquement, politiquement et scientifiquement, ce bouquin est bancal, et ça n'a rien à voir avec le fait que Chattam n'écrit habituellement pas de sf. Quant à la fin, je vais pas spoiler, mais voici un indice.