Dans la post-face de Ma mémoire assassine, Kim Young-ha explique à quel point l'écriture du livre lui a semblé laborieuse. Le lecteur, lui, ne pourra qu'avaler d'un trait les 150 pages de ce roman singulier au ton très particulier et au sujet, hum, étrange. Il s'agit du journal intime d'un homme de 70 ans, vétérinaire à la retraite, dont on apprend qu'il a commis un nombre imposant de meurtres, "hobby" qu'il a arrêté depuis de nombreuses années. Atteint par la maladie d'Alzheimer, notre ancien tueur en série s'apprête à reprendre du service pour sauver sa fille adoptive des griffes de son fiancé qu'il soupçonne d'être un assassin. Le temps presse à mesure que le mal progresse et embrouille ses pensées. Le livre, fort d'un humour noir permanent, est dans sa première partie tout à fait réjouissant. Avant de basculer dans l'horreur quand le lecteur médusé s'aperçoit qu'il ne fallait absolument pas faire confiance au récit d'un malade divaguant. En dire plus serait pour le coup terriblement criminel. D'une manière placide, Kim nous roule dans la farine et nous entraîne malgré nous dans une histoire atroce. Les amateurs de cinéma coréen connaissent le goût de leurs scénaristes pour les récits cruels et implacables. Ma mémoire assassine n'a vraiment rien à leur envier sur ce plan.