La Galice jusqu'à l'hallali
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Mâchoires commence avec la séquestration d'une lycéenne d'un établissement d'élite de Guayaquil par sa professeure de lettres. La logique voudrait que s'installe un face à face tendu entre les deux protagonistes mais le troisième roman de l'équatorienne Monica Ojeda va aller bien au-delà, pour analyser les racines du mal. C'est un livre sur la peur et le désir, sur cet "âge blanc" qu'est l'adolescence mais aussi sur la relation mère/fille, vue comme un rapport carnivore, ou encore sur la sororité, qui ne s'exprime pas toujours que par la connivence et la tendresse mais parfois par une tendance au sado-masochisme (bigre). Outre les jeunes filles en fleurs savages (la gent masculine est pratiquement absente), la romancière ne ménage pas non plus l'enseignante, en proie à une terreur quasi constante, en lien avec sa mère morte. Inconfortable, délirante, mystique (entre autres), la prose de Monica Ojeda se situe souvent aux limites de l'acceptable, nourrie à la pop culture, à la psychanalyse et aux creepypastas, ces histoires d'horreur publiées anonymement sur internet. Il peut sembler de temps en temps qu'elle s'égare dans des descriptions organiques et viscérales jusqu'à la nausée mais retombe toujours sur ses pieds. Est-ce du gothique andin comme l'ont écrit certains critiques ? Disons plutôt que c'est un roman de "genre" qui peut rappeler le cinéaste David Cronenberg pour son traitement de l'horreur, voir même le Titane de Julia Ducournau. Pas précisément un lit de roses mais un livre riche en sensations malsaines.
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Créée
le 26 janv. 2022
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