Accordez-moi cette déclaration à la limite du poncif pontifiant...

Les gens qui ont la chance de ne pas encore avoir perdu leur maman (ou leur papa) ne peuvent pas comprendre.
Non ils ne peuvent pas comprendre à quel point on se sent petit, même grand, quand tout à coup on devient orphelin. Car il n'y a pas d'age pour devenir orphelin.
Merci Mathias d'avoir si bien rendu ces moments juste après la mort.
Ce vide, cette absence de mouvement, ce froid.
Et soudain la nature qui a horreur du vide, vous balance une grosse vague de souvenirs qui vous font tout à coup être vous, à des petits moments de vie que vous avez passés avec celui ou celle qui n'est plus là. Vous subissez une espèce de désintégration kaléidoscopique où vous vous retrouvez tour à tour dans la cuisine à 6 ans, à l'heure du goûter, avec la main de maman qui vous tend des pims ou des petits écoliers.
A 10 ans sur le canapé un mardi soir à regarder les Dents de la Mer et là vous sentez, furieux, les mains de maman qui vous cachent les yeux pour ne pas voir la jambe arrachée par les dents du requin (il m'a fallu attendre 2 ans la rediffusion suivante pour enfin voir la scène).
Il y a aussi ces pulls que vous avez essayé de porter pour faire comme maman, mais ils sont tous en laine et la laine moi ça me pique. Alors je me contentais de les respirer pour sentir le parfum de maman.
Et cette fois à 12 ans où elle est venue au collège dans une tenue improbable et a réussi à vous mettre à dos le prof de sciences (déjà que la reproduction des polypodes c'était pas ma tasse de thé), écolo convaincu, en plaçant en 2 minutes de conversation qu'elle travaillait dans le nucléaire la semaine et chassait le week-end. Bref des petits moments de tous les jours qui avaient l'air de rien et qui se retrouvent sur le podium des souvenirs, étonnés, s'excusant presque d'être dans le top ten des lauréats contre l'oubli.
Je m'égare dans ma propre vie, mais ça fait du bien.


Ces moments juste après la mort sont très lourds, très denses. Ce livre les allège. Un peu. Beaucoup, passionnément. ça fait du bien en tout cas.


Alors faut-il le lire ? Oui, mais évitez les premières pages dans les transports en commun, car les larmes affleurent et effleurent assez facilement. Et les sourires aussi. Comme tout le monde fait globalement la gueule dans les transports, vous allez dénoter ; vous allez avoir l'air trop vivant.


Moi j'attends début octobre pour attaquer le vampire en pyjama.

CarolineGalmard
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le 6 sept. 2017

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