Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi par Julie_D

Si l'on imaginait les défauts de 38 mini westerns balayés ici car propres au format de la nouvelle, il n'en est rien, et le premier roman de Mathias Malzieu présente les mêmes forces et faiblesses que son recueil.

Outre la structure terriblement linéaire et l'aspect répétitif du roman, on ressent un manque de cohésion, comme face à un château de cartes sur le point de s'effondrer. D'autant plus dommage que les cartes en soi sont très belles : on trouve ça et là de très jolies perles littéraires et de belles idées mais encore une fois disséminées au lieu de constituer une même histoire, comme si le talent de Malzieu pour écrire de jolies phrases ne s'était pas encore cristallisé en capacités à écrire des livres. Par ailleurs les nombreux univers dont ses mots suscitent le souvenir desservent parfois le livre, comme s'il ne s'agissait pas tant de « ressembler à » que « d'essayer de faire comme. ».

Dans 38 mini westerns, le plaisir de l'auteur était un peu trop égoïste pour être communicatif... Ici c'est la douleur qui est parfois trop personnelle pour susciter l'empathie. Il faut dire que Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi a été rédigé dans des conditions singulières... Presque improvisé. Lorsque le héros prétend œuvrer à un certain projet depuis le début du livre, on n'y croit pas tant cela n'a pas été retranscrit, comme si l'auteur venait simplement d'avoir cette idée là et n'osait pas revenir sur le début.

Plus généralement, on sent le roman écrit comme un journal, quelque chose qui n'est pas forcément destiné à être partagé... Mais du même coup, cette autobiographie fictive reste empreinte d'une sincérité qui lui confère toute sa force et fait guetter le prochain roman de l'auteur, en espérant qu'il arrive à se détacher un peu de lui pour vraiment retranscrire un univers nouveau.

Un roman qui a une âme, mais manque encore de corps, et ne tient pas les promesses qu'on ne lui demandait finalement pas : Maintenant... a été écrit pour son auteur, pas pour ses lecteurs.