Louis Calaferte, atteint d’une leucémie, écrit Maître Faust en 1992, soit deux ans avant sa mort. Ici l’auteur reprend à son compte le mythe de Faust, l’histoire du fameux pacte de Faust avec le Diable. L’auteur renverse le mythe et fait passer Faust pour plus vilain que le Diable lui-même. Il introduit également la référence forte à Marguerite, avec laquelle Faust entretient une relation étrange qui frôle parfois selon l’appréciation du lecteur avec une relation forcée du côté de Marguerite. Loin d’être grandiose et admirable comme chez Goethe, ici Faust est misérable, il doute, il geint, il est irritable et acerbe. L’écriture de Calaferte est séduisante dans la forme. Il propose de nombreux petits extraits qui constituent un ensemble cohérent et qui amène une originalité dans le traitement du texte. L’auteur s’illustre par sa propension à inclure le sexe et les blagues graveleuses et lourdes dans le discours de Faust, qui le rendent encore plus misérable, là ou Méphistophélès apparait grandiose et presque conciliant certaines fois. Dans cet ouvrage, constituant un mythe de Faust moderne, le Diable se retrouve déconcerté face à la nature de l’homme.