C'est donc à 34 ans que mon parcours de lecteur me dirige pour la première fois vers un livre de Robert Merle. ET QUELLE CLAQUE !
C'est un fait indéniable :Le post-apo est à la mode. Un autre fait indéniable : le post-apo zombie l'est encore plus.
Il faut donc lire un livre de 1972 pour échapper à la mode du zomblard énervé et découvrir du post-apo "réaliste".
Et pourtant ! Je l'aurais longtemps esquivé le Malevil. Découvert grâce à mes éclaireurs au goût certain, je l'ai choppé dans une foire au livre sur Avignon avant de le laisser de côté deux années durant.
Mon esprit étriqué et ma maigre culture littéraire me menant à penser qu'un roman de 1972 traitant du thème du post-apo était certainement dépassé depuis au vu des univers développés dans les différents media.
C'était sans compter sur le parti pris réaliste du roman de monsieur Merle.
Car suivre cette troupe de survivants face à l'horreur d'une catastrophe nucléaire (Du moins l'imaginons nous car au final rien ne le prouve et l'imagination fertile du lecteur peut donner libre court à une autre interprétation) est un réel plaisir.
Merle est un auteur qui donne à voir. j'ai eu l'impression, tout au long du roman d'être parmi les survivants.
La réorganisation de la vie en communauté, les rapports humains, les multiples problèmes survenant... Tout n'est pas simplement raconté mais littéralement porté à bout de bras vers le lecteur avec une force de détail qui force à l'admiration.
Malevil est aussi une véritable toile de la nature humaine, le roman interpelle régulièrement sur des thèmes sensibles telle la place de la religion après une telle catastrophe, Un leader doit il avoir obligatoirement une part de tyran en lui ? La monogamie est elle encore possible lorsque le ratio femmes/hommes est de 1 pour 6 ?
Et quand bien même les personnages du récit font finalement ce que l'on attend de survivants : regroupement en clans, lutte armée entre bandes errante et sédentaires, retour forcé vers une structure agraire et lent glissement vers le mode de vie d'une société primitive, etc. Le talent de conteur de Monsieur Merle est d'une telle force que l'on pense encore aux personnages des semaines après avoir terminé cet excellent roman.