Malevil a été écrit avant la saga des Fortunes de France. Mais on y sent déjà l’intérêt de Robert Merle pour le contexte moyenâgeux.
Son récit se déroule assez largement dans le château de Malevil où il est question de défense, de siège, d’arcs et de flèches... C’est assez pertinent dans un monde où la technologie a quasi disparu suite à un cataclysme nucléaire.
Toutefois, je trouve qu'il pousse le bouchon un peu loin avec les intrigues se déroulant dans le village voisin de Laroque. Qu’un curé puisse, en à peine 2 mois, mettre tout un village en coupes réglées me semble imaginable au moyen-âge. Mais je suis plus circonspect dans le contexte des années 70 où se tient le récit de Malevil.
Le personnage principal est un homme intelligent, fin psychologue et grand stratège... si grand que tous ses plans réussissent. Il tient plus du "super" que du "héros". Un peu plus de nuances n’auraient pas fait de mal.
Au final, le principal intérêt de ce roman tient dans la description du quotidien d’une proto-société en cours d’organisation.
Le roman a été publié quelques années après 1968, et la "libération sexuelle" a parcouru (un peu) la société française. Mais, en lisant Malevil, je ne peux m’empêcher de penser que Robert Merle avait un rapport particulier aux femmes...
Certes, en contexte post-apocaliptique, la question de la survie de l’espèce a du sens. Mais les questions morales sont balayées d’un revers de main car essentiellement perçues du point de vue masculin. Et certains protagonistes y trouvent ouvertement leur compte... Mais qu’en pensent les personnages féminins ? La question est éludée car, parmi les femmes du récit, la moitié est asexuée (la Menou, la Falvine) ou nymphomaniaque (Catie, Miette)...
Dans notre époque post-metoo, la lecture de Malevil pose souvent question, quand elle ne met pas franchement mal à l'aise.
Finalement, notre société fait des progrès quand-même...