S’il fait mieux que L’Alliance des trois, Malronce demeure fidèle aux grands axes préalablement définis par Maxime Chattam : du post-apocalyptique nimbé de magie, où faune et flore ont tellement changé que la Terre semble avoir cédé la place à autre chose. Un monde où tout est à découvrir, reconstruire et élucider, quitte à disséminer ci et là trop de graines vouées à croître.
Malronce ne se départage donc pas des enjeux posés par L'Alliance des trois, de l’énigmatique Raupéroden aux « cyniks » en mal de mémoire, sans oublier les bouleversements profonds agitant les corps d’enfants livrés à eux-mêmes, il y a beaucoup à faire pour Chattam : et force est de constater que ce second opus s’en tire bien, quoique toujours affublé de cette même écriture sans panache. Le surcroît de maturité que nous réclamions est ici une réalité à plusieurs niveaux, actant une imagination prometteuse : la cruauté frappe ainsi sous différentes formes les « Pans », sans que ce recul de son étiquette « jeunesse » ne tienne du raccourci facile.
Certes tout n’est pas parfait, les dialogues et développements des protagonistes n’ayant rien de bouleversant, ou d’inédit, mais l’auteur se rattrape parfaitement au moyen de nouveautés aussi imagées que malignes : à ce titre, la traversée de la Forêt Aveugle, puis le périple au cœur du territoire des cyniks, alimentent un suspense salvateur tout en multipliant les bonnes idées, chacune tranchant un peu plus avec le spectre de récit initiatique accessible même aux plus jeunes. Le manichéisme demeure toutefois prédominant, tout comme certaines sous-intrigues et décisions commodes empêchent le récit de captiver comme il l’aurait pu.
Rien d’extraordinaire en somme, avec notamment une émotion qui peine à poindre lorsqu’elle le devrait (Tobias), mais Malronce demeure suffisamment intrigant pour nous enjoindre à lire la suite.