Mansfield Park a été très décevant. Après avoir adoré Orgueil et préjugés, Raisons et sentiments, et dans une moindre mesure Emma, j'ai trouvé à ce roman un ton bien trop donneur de leçon. Bien sûr les autres œuvres de Jane Austen comportent aussi leur part de morale, mais ici le prêchi-prêcha n'est teinté d'aucune subtilité : l'héroïne semble tout bonnement parfaite - selon les critères de l'auteure du moins. Aucun petit péché et surtout aucun humour, pourtant si présent habituellement, ne vient égayer le portrait bien austère de Fanny. Même sa timidité maladive est présentée comme un simple trait de sa personnalité, qui ne souffrira aucun changement. On croirait lire le manuel de la parfaite jeune fille de l'époque et on se sent bien loin des craintes, des réserves et des indignations de la jeune fille, en particulier au sujet du théâtre dont on a du mal à se représenter la sulfureuse réputation.
Fanny ne fait rien. Docile, elle se laisse martyriser, elle laisse l'homme qu'elle aime se fourvoyer avec une femme qu'elle considère comme mauvaise, elle se laisse ballotter d'un endroit à un autre au gré de volontés extérieures et n'agit absolument jamais. On attend qu'il se passe quelque chose, un renversement de situation,... mais les choses vont jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'autre solution que de rendre Fanny heureuse. Personne n'aura rien fait pour ça, et surtout pas elle. La vie aura simplement suivi son cours jusqu'à cette conclusion bien ennuyeuse.