L'écrit n'est pas oral

Voilà ! Je suis la bête infâme qui ose mettre 3/10 à Pierre Desproges. Avant qu’on m’insulte en disant que l’on ne peut plus rire de quoique ce soit, que notre génération a perdu tout sens de l’humour, précisons tout d’abord qu’il y a de cela une quinzaine d’années, quand j’ai découvert Desproges, j’ai retrouvé ce que j’avais toujours eu sans le savoir : le don d’un rire supérieur qui m’était donné. Élevé par l’humour de Gotlib, Desproges me fit la même impression. Il me sembla qu’il était de ses humoristes qui offrait à son public plus qu’un rire simple, mais un rire profond, capable de changer notre perception même de l’humour.

Desproges est à l’humour ce que Kandinsky fut à la peinture : un de ceux qui nous appris à rire/voir.

Voilà, cela est dit, j’adore Desproges.

Mais j’ai vraiment très peu aimé ce Manuel. L’humour oral ne passe pas pour moi dans la forme écrite autrement qu’en imaginant le rythme prononcé par Desprogres (plusieurs passages viennent de pièces humoristiques, il est possible que ce soit le cas de l’intégralité du texte).

L’humour ne fonctionne pas du tout pour moi en tant qu’humour écrit mais demande d’être lu, rythmé, pensé avec Desproges Or ce n’est pas le but ici : le texte doit se suffire à lui-même, sans l’accompagnement, l’humour se perd.

Je veux bien croire aussi que je ne suis pas le public. Que le rythme de l’humour écrit évolue en un quasi-demi-siècle et que je suis loin d’être le mieux préparé pour lire cet ouvrage. Mais à lire les différents avis et critiques sur Internet, il semblerait que ce livre soit la huitième merveille du monde. Or il me semble que c’est ici le pire pour Desproges : être devenu un symbole sur lequel on ne veut plus réfléchir.

J’adore son humour et je me suis ennuyé à bien des étapes de ce livre.

Notons que je ne trouve pas que tout soit sans me faire rire, loin de là, plusieurs petits passages m’ont bien amusé. Mais dans l’ensemble ce fut surtout une lecture d’obligation.