Un principe très simple et accrocheur, un romancier expert en thriller et un côté dénonciateur de la société, "Marche ou crève" a beaucoup d'arguments pour plaire, mais je n'en suis pas ressorti convaincu.
Tout d'abord, si le principe est vraiment fun, il tend à lasser avec le temps. On ne se demande pas vraiment qui sera le prochain à mourir, mais quand les persos principaux arrêteront le voyage. La faute à des persos secondaires trop peu développés que pour susciter la moindre émotion chez le lecteur. L'auteur tente parfois d'ailleurs d'introduire un personnage, pour mieux le tuer deux pages plus tard, mais je pense que ce qui empêche vraiment l'émotion chez le lecteur, c'est qu'on sait d'avance que les personnages doivent mourir. Et comme les seconds couteaux n'ont pas la moindre chance de l'emporter, on ne s'attache pas à eux. En ce qui concerne les personnages plus importants, ils sont aussi fort superficiels, à part le héros et ses deux plus proches amis, et on a beau lire leurs noms toutes les dix lignes, il est difficile d'attribuer un adjectif à leur personnalité... Leur mort est d'ailleurs souvent assez ratée, bien trop brève, et prévisible (puisqu'on nous raconte sur 50 pages que le personnage commence à faiblir), ce qui casse un peu le côté "suspense". Et ce ne sont pas les discussions niveau collège des protagonistes qui permettent vraiment de s'identifier ou de s'attacher à eux, entre leurs expressions dépassées ou leurs idées aussi rebelles que celles d'Holden Caulfield (l'Attrape-coeurs). Après, peut-être que j'aurais vraiment adoré avec quelques années en moins.
Ensuite, le suspense est plutôt nul, puisqu'on se doute que le héros ne peut pas mourir avant la fin (comment aurait-on connaissance de la fin de la Marche alors ?), et qu'on se fiche un peu des autres persos, dont la mort est assez prévisible comme je l'ai dit plus haut. On ressent assez peu ce sentiment de désespoir ou d’essoufflement, ce n'est vraiment que sur les cinquante dernières pages que le héros semble vraiment souffrir (alors qu'il se tape plus de deux cent bornes le mec).
Enfin, en terme de réflexion, si on considère le côté philosophique "métaphore de la vie et de ses épreuves à traverser", ça me semble tellement peu creusé, et explicite, que ce n'est pas très intéressant. La dénonciation de la télévision et de la perversité du grand public avide d'horreurs, véritables ou non, me semble par contre plus légitime, et assez surprenante au vu de la date de parution du livre, dix ans avant les premières émissions de télé-réalité. Par contre, il est un peu dommage que l'univers d'anticipation soit si peu décrit, il aurait été intéressant de voir comment ce jeu se serait mis en place.
Bref, ça se laisse lire, d'ailleurs plutôt vite, mais c'est creux, prévisible et le suspense n'est pas au rendez-vous
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Lu en 2012