Ce dernier volet de la série Mars est à mes yeux un peu en-dessous des deux précédents, pour plusieurs raisons (attention aux spoilers) :
- Je ne suis pas convaincu par le "nouvel âge de colonisation" que propose Robinson. Si jusque-là sa vision du futur restait mesurée, ses idées sur la manière dont seraient colonisés Mercure et Vénus me semblent fantaisistes. On a l'impression que l'auteur quitte la hard science et se lance dans la fantaisie, ce qui est très déroutant.
- Le ton, également, manque d'unité. La partie consacrée à Zo semble inclure des clins d'oeil littéraires multiples, comme si faute d'idées, l'auteur tombait dans le jeu des références. Par ailleurs certains chapitres qui suivent, sur le vieillissement des Cent Premiers, sont assez pesants, car ils n'apportent rien de nouveau. De même pour le thème des spéculations sur la disparition d'Hiroko : pourquoi y revenir aussi souvent ? On a compris où l'auteur voulait en venir...
- Les parties consacrées à Nirgal sont sans doute parmi les plus faibles. Le personnage reste assez plat et peu intéressant.
- J'avais déjà souligné pour le deuxième tome cette tendance à la contemplation, parfois un peu excessive. Ici cette tendance reprend à un point tel que l'on n'est plus très loin du pastiche (je pense aux rêveries sur le nuancier de Maya et Sax).
- Beaucoup de pistes ouvertes sont délaissées, le livre se fermant sur les Cent Premiers, qui apparaissent désormais un peu en retrait. Ce n'est pas mal, notamment cette manière de conclure sur l'évolution de la relation Sax-Ann (deux personnages très touchants). Mais il y a des trous pour certains personnages, par exemple Maya : Comment s'est terminé sa présidence ? Etc...
Au final, si les deux premiers tomes avaient chacun une vraie cohérence interne, on sent qu'ici Robinson a recasé tout ce qu'il n'avait pu mettre avant, et l'ensemble est un peu moins harmonieux. Il reste un roman de SF agréable, mais pas exceptionnel. Cela n'empêche pas que ceux qui auront lu les deux premiers ne doivent pas faire l'économie de la lecture de ce dernier tome.