Marseille, 1973. Onze ans après la fin de la guerre d’Algérie, la France connaît une vague d’assassinats ciblés sur des Arabes, surtout des Algériens. En 6 mois, plus de cinquante d’entre eux sont abattus, dont une vingtaine à Marseille, épicentre du terrorisme raciste. On les tire à vue, on leur fracasse le crâne, mais les enquêtes policières n’aboutissent jamais. Les assassins arpentent les rues de Marseille en toute impunité, des bars du Vieux-Port jusqu’aux commissariats où tout ne sait mais rien ne sort. Jusqu’à l’arrivée du jeune commissaire Daquin qui enquête sur le meurtre de Malek Khider, 16 ans, abattu par le passager d’une Mercedes dans les quartiers Nord.


La guerre d’Algérie ne s’est pas arrêtée avec les accords d’Evian de 1962, elle a continué à gangréner les esprits des français bien des années après. Zoom sur l’émergence de l’extrême droite et du Front national en France avec « Marseille 73 », un polar politique haletant.


“La France est profondément antiraciste. Tout ce qui s’apparente au racisme, nous l’exécrons “déclare le président Pompidou en 1974, en réponse à la fureur qui s’abat sur la population algérienne. Des crimes oubliés, voire occultés par le gouvernement suite aux circulaires Marcellin-Fontanet, qui durcissent drastiquement les conditions de séjour de milliers de travailleurs étrangers. Ils sont des milliers à devenir du jour au lendemain des clandestins menacés d’expulsion, des cibles à abattre.


“Marseille 73” est un livre dur et réaliste, orné d’une écriture simple et pragmatique. La tension narrative est palpable, on sent la rage et la frustration dans chaque mot. Très bien documenté et sans fioriture, le roman vient taper là où ça fait mal, ébranle les consciences et met la haine à nu. Je découvre Dominique Manotti avec « Marseille 73 », et je ne compte pas m’arrêter là.


Un polar brillant qui rapproche la critique sociale du champ littéraire avec une grande finesse.


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ElodieAngiolini
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le 22 juin 2022

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