Le narrateur s'ennuie fermement dans le milieu social sclérosé de la haute bourgeoisie du XVIème arrondissement et s'avoue lassé de la composition qu'il doit jouer en public, devoir qui revient d'autant plus souvent que son épouse les contraint à beaucoup recevoir et aller aux dîners, afin de tenter de briller au milieu de ce gratin très sélect. Le caractère superficiel des relations pèse au narrateur et apprécie peu d'être jugé par cette élite qui semble le rabaisser par ses questions, considérations et sous-entendus.
Et c'est là qu'intervient prodigieusement Martereau, sorte d'oasis inattendu et inespéré de sincérité et de simplicité dans cet océan de relations factices, snobs et guindées. Son authenticité le séduit, de surcroît au sein de ce milieu, jusqu'au moment où cet homme providentiel se laisse doucement mais sûrement tenté par le luxe et le paraître, sans l'ostentation des pairs qui les entourent.
Faut-il a minima s'adapter à son milieu, se fondre dans son environnement ? ou bien rester authentique jusqu'au bout, quitte à se montrer réfractaire, voire sectaire, à celles et ceux qui ne vous ressemblent pas ? Le débat ouvert, déjà présent dans Tropismes, de la même auteure, pose les jalons d'un débat intéressant. La recherche de sincérité et le rejet a priori du superflu paraissent louable, bien que l'idée poussée à l'excès peut relever d'un rejet discriminant, les facultés d'adaptation restant avant tout une qualité. Le propos doit donc être nuancé, mais offre d'intéressantes pistes de réflexion. Ce roman, estimé, est donc à recommander.