Mass Effect. À la conquête des étoiles par Incertitudes

J'ai été à l'école avec Nicolas Domingue. En classe de troisième, peut-être de quatrième aussi. Sans être inséparables, je le côtoyais suffisamment pour ne pas me douter qu'un jour il finirait pas écrire un livre sur Mass Effect. Trilogie majeure de la génération de consoles PS3/Xbox 360 au même titre que Gears of War ou Uncharted.


Si Mass Effect, tout du moins le premier épisode sorti en 2007, constitue le summum, l'âge d'or de son studio Bioware, Nicolas Domingue insiste sur l'historique de l'entreprise créée par deux médecins canadiens au milieu des années 90. D'emblée, elle se spécialisera dans les jeux de rôle et n'aura pas besoin de se faire la main sur quelques jeux éventuellement hasardeux. Non, leur première création Baldur's Gate et sa suite sont considérées comme des classiques du RPG de la fin des années 90/début des années 2000. Les projets abondent. C'est l'époque de Neverwinter Nights en 2002, Star Wars Kotor en 2003, Jade Empire en 2005. Bioware développe vite et bien et la qualité d'écriture ainsi que la profondeur du gameplay sont louées.


En 2007, arrive donc Mass Effect voulu comme une trilogie. Le 1 dispose du scénario et de l'univers le plus intéressant malgré des scènes d'action et des graphismes ayant mal vieilli. Le 2 est nettement plus sombre et ne se concentre que sur le recrutement d'alliés pour une mission suicide d'une vingtaine de minutes. Il faut souligner qu'au moment de la sortie de Mass Effect 2, Bioware venait de se faire racheter par le mastodonte Electronic Arts (FIFA) moins romantique. En témoigne les boîtes qu'ils ont fait fermer comme Visceral (Dead Space) ou Maxis (Les Sims, Spore).


A compter de cette date (2009-2010), les jeux estampillés Bioware (Dragon Age 2, Mass Effect 3) et édités par Electronic Arts deviennent moins bons et entraînent de plus en plus de commentaires acerbes de la part des joueurs qui leur reprochent, entre autres, des temps de conception beaucoup trop courts au vu de l'ampleur des jeux et des contenus additionnels (DLC) trop nombreux concernant parfois certains éléments-clés du jeu. Ainsi Mass Effect 3 sera resté tristement célèbre pour sa fin ratée alors qu'on a depuis oublié les qualités techniques du titre et l'attachement toujours aussi important du joueur envers Shepard et sa lutte contre les terribles Moissonneurs (de gigantesques machines antiques détruisant tout sur leur passage tous les cinquante mille ans).


Après la sortie de Mass Effect 3, beaucoup quitteront le navire : le producteur Casey Hudson, des développeurs historiques quand ce ne sont pas les fondateurs eux-mêmes pour retourner à une vie civile plus calme. Depuis Bioware a signé un MMO (jeu de rôle en ligne massivement multijoueur) qui n'est, à aucun moment, parvenu à concurrencer celui de Blizzard : World of Warcraft si tant est que ce fut son ambition. Le troisième volet de Dragon Age (Inquisition) et Mass Effect Andromeda (se déroulant en parallèle de la guerre contre les Moissonneurs mais dans une galaxie différente) auront vu Bioware privilégier le terrain de l'open-world avec moins de réussite que Bethesda avec les Elder Scrolls et les Fallout ou CD Projekt avec les The Witcher.


Néanmoins, Domingue insiste, et il a bien raison de le faire, sur les nombreuses influences subies par Mass Effect. On pense spontanément à certains chefs d’œuvre cinématographiques ou littéraires tels que Star Wars, Star Trek ou Dune. Il analyse également pour la comprendre la passion suscitée par ce space-opera : le charisme de Shepard, les nombreux choix (donc ceux du joueur) cornéliens qu'il a à effectuer tout au long de son aventure, un univers sombre et bouillonnant rempli de races aliens toutes différentes, une menace terrifiante, des compagnons d'armes attachants avec qui il sera possible pour certains d'établir une romance.


Mass Effect aura tenu toute une génération de joueurs en haleine entre 2007 et 2012 et aurait tout à fait pu devenir un classique du genre si cette série de jeux n'avait pas été parasitée pour chacun d'entre eux par des défauts les rendant à chaque fois horripilants (ses combats dans le 1 avec un système de couverture pas encore au point, son histoire creuse dans le 2, le manque de conséquences de nos choix dans le 3). Manette en main, ils conservent toutefois cette atmosphère inimitable happant le joueur dès les premiers instants et, à titre personnel, il m'arrive encore de relancer une partie une ou deux fois par an. Et me voilà embarqué à bord du vaisseau Normandy pour plus d'une centaine d'heures de jeu.

Incertitudes
7
Écrit par

Créée

le 25 nov. 2017

Critique lue 546 fois

2 j'aime

2 commentaires

Incertitudes

Écrit par

Critique lue 546 fois

2
2

Du même critique

L.627
Incertitudes
9

Critique de L.627 par Incertitudes

L 627 est un film de Bertrand Tavernier qu'il a coécrit avec Michel Alexandre, ancien flic et qui a collaboré par la suite avec André Téchiné pour Les Voleurs et Le Cousin de Alain Corneau. Ce film...

le 28 févr. 2014

14 j'aime

1

Les Tontons flingueurs
Incertitudes
10

Critique de Les Tontons flingueurs par Incertitudes

Les Tontons flingueurs marquent la première collaboration entre Lautner et le dialoguiste Michel Audiard et le début d'une trilogie qui s'est poursuivie avec Les Barbouzes et Ne nous fâchons pas. Il...

le 23 nov. 2013

11 j'aime

4

Heureux qui comme Ulysse...
Incertitudes
8

Critique de Heureux qui comme Ulysse... par Incertitudes

Lorsque Fernandel tourne ce film, il n'a plus tourné depuis deux ans. Il se dit marqué par le décès de son copain Bourvil. Vous l'avez deviné, on n'est pas ici dans la grosse comédie. Le comique...

le 11 janv. 2015

10 j'aime

3