Mauvaise réputation par Urkyjo
Le livre est bon, bénéficie d'avis dithyrambiques voire élogieux. Personne n'ose casser cette putain de bombe littéraire sous le joug de Philippe Manoeuvre et du leader des "Nique Ta Mère", mythique groupe de rap français. Didier Morville livre avec beaucoup de pudeur et une honnêteté crue (à la limite du dérangeant) une autobiographie convaincante. Avec une plume simple, le chanteur des NTM enchaînent les souvenirs et livre une analyse in situ des évènements médiatiques qui l'ont étiqueté à vie comme "le mec qui tape son singe" et "celui qui frappe les gazelles". Le petit délinquant commun du rap, en somme...
Une enfance douloureuse, une adolescence transcendée par des délits et petites bagarrounnettes entre técis, un service militaire houleux et des conneries à la pelle, des bribes de vies dominées par une violence intrinsèque qui s'exprime parfois (souvent ?) physiquement. C'est ce point précis que l'on met en avant dès que l'on parle de Joeystarr : ce mec est (était) un violent trublion, grande gueule avec ses quenottes en or. L'incarnation du petit (insistons bien sur le "petit") malfaiteur parisien qui s'emmerde avec ses potes, et qui va taguer des rames de métro, qui possède un pit', qui commet des vols et des délits... sans jamais franchir la frontière du crime. Bref, tout ce qu'il y a de plus commun de nos jours.
Nous avons tendance à rester obnubilés par l'image que les médias donnent (et a fortiori que l'on se fait) de Joeystarr, au point d'en oublier qu'il s'agit d'un artiste. Didier Morville est un très bon rappeur (il encense d'ailleurs avec un peu trop de vanité les qualités d'NTM et de leurs textes...), et est un élément clé dans l'évolution et l'aura du rap français dans les années 90. De même, son apparition récente au cinéma dans "Polisse" montre au public ses qualités d'acteur... Et ce livre autobiographique met en exergue la maturité d'un homme, fraîchement entré dans la quarantaine (Joey est né en 1967, le livre sort en 2007), et portant un regard analytique sur son parcours personnel, le monde du rap et les médias.
Un livre agréable à lire (logique, parce qu'un livre agréable à manger, ça ne veut rien dire...), qui redore le blason d'une personnalité qu'on a tendance à désigner comme coupable avant de la connaître.