Je suis un peu dubitatif sur ce livre, une retranscription quasi exhaustive de 5 jours en compagnie de David Foster Wallace.
Descriptions, questions, réponses. 5 jours étalés sur des centaines de pages.
David Lipsky a passé ces 5 jours avec DFW pour écrire un article sur lui dans Rolling Stones. Il n’a jamais écrit l’article mais après la mort de DFW a ressorti ses cassettes pour retranscrire ses entretiens et ses observations dans un livre.
En a-t-on vraiment besoin? Même en étant fan de lui, et je ne vois pas trop comment un non-fan pourrait s’intéresser à ce texte faut pas détonner, doit-on vraiment connaitre en détail ses habitudes alimentaires à la chique près ou la décoration de son appartement au poster près ou le comportement de ses chiens ou etc ?
Je vois bien le cote "épuisement" à la Perec, je vois aussi le fait que je me trouve dans une position de voyeur un peu à l'insu de mon plein gré, je veux dire en ouvrant ce livre je n'ai pas ouvert Closer pour lire le récit des dernières vacances de je ne sais quelle starlette, et là parce que c'est un grand écrivain chaque fait deviendrait significatif, je devrais absorber chaque blague ou analyse d'un quelconque blockbuster comme un précieux matériau pour la compréhension de mon auteur admiré? Je n’aime pas cette situation.
Eh non je ne suis pas convaincu, alors que pourtant je devrais me réjouir d'avoir a me mettre dans le cerveau toute cette parole wallacienne, 400 pages d'entretiens miam! Hélas Wallace le dit lui-même il est plus intelligent et intéressant à l’écrit, de plus Lipsky ne le relance pas toujours sur les sujets les plus passionnants à mon sens.
Le sujet principal est la célébrité, comment Wallace la gère, la ressent, qu'est-ce que cette signifie pour un écrivain? Etc... Bon ok mais est-ce la chose dont on se souviendra avant tout à propos d'Infinite Jest est sa réception médiatique? Je n’espère pas. Ce n'est pas inintéressant mais bon faut-il en parler pendant des heures.
Deuxième gros sujet : l'addiction, et on retombe un peu chez Closer une fois de plus, Lipsky voulant absolument clarifier une rumeur à propos de la supposée consommation d’héroïne de Wallace. Là encore des heures de discussion et pourtant on n'apprend la consommation d'antidépresseurs de Wallace seulement dans la postface...
De littérature d'écriture de langage de philosophie il n'en est pas tellement question. De la télévision un peu mais on a déjà lu Wallace à ce sujet, en fait on a déjà pas mal lu Wallace sur tous les sujets abordés dans ce livre, en mieux.
Parfois oui il est passionnant ou touchant, par intermittences, mais il n'est pas non plus à son meilleur niveau tout simplement à cause du dispositif mis en place. Le livre dans l’ensemble se lit sans trop d’ennui mais sans excitation non plus.
Je ne reproche rien, enfin pas grand-chose à Lipsky, il y a de la sincérité dans sa démarche, mais on n'est pas oblige d'avoir la meme vision que lui de l'entretien, et sa postface est assez belle, ses interventions continuelles un peu moins.
Et en plus maintenant ils vont en faire un film.