C'est presque la hype Dustan ces temps-ci, à l'occasion de la sortie du volume I de ses Oeuvres chez POL.
Comme souvent être mort permet d'être plus facilement pris au sérieux en tant qu'écrivain.
Même contre sa volonté, il faut bien admettre que souvent la disparition de l'auteur peut faciliter la lecture de ses textes (elle est meme, symboliquement, necessaire dirait l'autre), le personnage Dustan, tel qu'il nous était présenté en tout cas, n'était pas forcément sympathique.
Oeuvres Complètes chez POL donc, et pour fêter cela, appareil critique d'un certain Thomas Clerc universitaire, surement quelqu'un de très sympathique d'ailleurs, responsable des notes de bas de page les plus ridicules de ce début de siècle ("Andy Warhol, artiste américain", ce genre de truc, à l'heure d'Internet en plus...) et d'une introduction qui nous fait comprendre une fois de plus que en France souvent les spécialistes de littérature le sont avant tout pour avoir le plaisir de nous exposer leurs opinions politiques et philosophiques.
D'ailleurs le plus intéressant c'est que Clerc est bien embêté avec cette "trilogie" autobiographique, parce que ici on est dans le récit pur, l'hyper-réalisme, dans l'écriture non-métaphorique, no ideas just just things, et que ces textes sont irréductibles à une unique interprétation. Toute la complexité d'une vie humaine y est décrite et on ne pourra jamais la transformer en propagande quelconque. Bon évidemment les préfaces en soi n'ont de toute façon eu beaucoup d'intérêt, Clerc fait ce qu'il peut ne lui en voulons pas.

Tout ça pour dire que malgré mes réticences initiales ces romans, finalement très différents les uns des autres, je les ai trouvé fort recommandables, même s'il vaut mieux être averti de la présence de certaines descriptions perturbantes (pour qui ne serait un vieux connoisseur du fist-fucking).
J'ai aimé finalement le prosaïsme de l'ensemble, l'absence de posture littéraire de complaisance, le refus de l'érotisme, une certaine lucidité, la précision, le soin du détail et les nombreux contrepoints sous-entendus dans ces textes monolithiques au premier abord.
Les angoisses sentimentales de "Dans ma chambre" (peut-être le moins tenu au niveau de l'écriture), l'infra-ordinaire, la gestion de l'ennui de "Je sors ce soir" (performance littéraire assez impeccable), l'indémêlable cohabitation entre la médiocrité et l'intensité dans "Plus fort que moi", sa fin antipodique.

Non, vraiment, il s'est passé quelque chose là, même si on ne retrouve pas la diabolique maîtrise formelle d'un Dennis Cooper par exemple. Par contre j'ai un peu peur de la suite de cette oeuvre dont la "dimension intellectuelle" et le penchant vers la politique réjouit tant ses thuriféraires.
ArnoldB
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le 12 août 2013

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ArnoldB

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