Annie Ernaux, l’auteure de ce roman, retrace l'été 58 durant lequel, adolescente de 18 ans,
elle est monitrice à la colonie de S dans l’Orne.
Durant cet été, Annie vit sa première expérience sexuelle avec H, un moniteur de la colonie plus âgé. Annie est touchée par cette expérience à laquelle elle donne une grande valeur.
H ne tarde pas à la rejeter, lassé par cette jeune fille maladroite et inexpérimentée.
Annie tombe alors dans une sorte d'obsession amoureuse pour H. Sa naïveté, son manque d’expérience avec les hommes, sa fierté d’avoir suscité l'interêt et le désir, son manque de confiance et d'estime d'elle-même, rendent sa vision et son interprétation des choses défaillantes. Annie ne voit pas, Annie ne comprend pas.
Toute la colo en fait un objet de moquerie et d'humiliation.
Après cet été 58 le roman se poursuit jusqu’à l’été 1963.
Durant tout ce temps qui passe, Annie garde en mémoire les évènements de l’été 58, qu’elle analyse, décortique. Le temps qui passe, l’expérience, l’étude de la philosophie à l’université, font accéder Annie à une compréhension juste des évènements de l’été 58. Enfin elle comprend. Et avec cette compréhension nait la honte.
J’ai eu quelques difficultés à entrer dans le roman du fait du style de narration déroutant au premier abord. C’est un récit autobiographique mais l’auteure parle d’elle même à cet âge de 18 ans à la 3ème personne du singulier: Annie D, la fille de 58, etc. En adoptant ce style l’auteure veut signifier que cette jeune fille de 18 ans, n’est plus, n’existe plus, a changé. Elle retourne même devant la colo à un âge plus avancé, dans le but de constater qu’elle n’est plus cette Annie D de 18 ans.
Ce roman revêt une valeur psychologique qui m’a touchée et qui se déploie tout au long du roman. C’est également une analyse sociologique de l’époque des années 58-60.
J’ai beaucoup aimé ce roman, profond et intime.