Turn on, tune in, drop out.

Un grand classique, l'autobiographie de Timothy Leary, "Mémoires acides" ("Flashbacks" en VO).

C'est le témoignage fascinant, rédigé par lui même, d'un homme qui a consacré sa vie, renoncé à sa carrière de brillant chercheur en psychologie à Harvard, sacrifié sa réputation et même perdu sa liberté, pour la cause de l'expansion de la conscience et de l'exploration de ce qu'il appelle les réalités multiples, par l'usage de substances psychédéliques comme la psilocybine ou le LSD-25.

Croisant habilement les souvenirs de jeunesses et d'enfance de Leary, et le récit d'une épopée psychédélique débutant par la découverte des psilocybes cubensis au Mexique pour s'achever presque deux décennies plus tard en prison après une cavale rocambolesque où l'on croisera tous les héros et les figures de la contre-culture américaine des 60's, ce livre est avant tout une ode extraordinaire à la liberté.

Notoirement mégalomane, Leary est parfois agaçant et l'on aimerait pouvoir connaître le témoignage des autres protagonistes de cette aventure afin de confronter les versions d'un récit où il se donne un peu trop systématiquement le beau rôle. Cependant, "flashbacks" déborde d'un tel enthousiasme, et regorge d'une telle profusion d'anecdotes étonnantes ou émouvantes sur les coulisses d'une des périodes clé de l'histoire récente, qu'on se laisse facilement séduire par l'indéniable talent de narrateur du "pape de l'acide".

Certains passages, relatant expériences psychédéliques et moments de communion en pleine synergie avec les plus éminents représentants de la culture hippie underground de l'époque, exhalent un puissant souffle mystique, donnant furieusement envie de se brancher ("turn on"), de trouver les bonnes vibrations ("tune in") et de tout plaquer ("drop out") pour se consacrer à l'exploration des réseaux infinis de la conscience et du cerveau humain.

Un témoignage indispensable.