Mémoires d'un Yakuza par Cinemaniaque
Bien sûr, l'impact sera toujours moins fort du fait qu'il s'agisse d'une retranscription de conversations, et malgré toute sa bonne volonté le médecin a pu oublier ou déformer des propos... Il n'empêche : Mémoires d'un yakuza est un morceau de vie comme on en a rarement lu.
Ce n'est pas tant l'aspect mafieux qui fascine dans ce livre, même si la démystification est énorme et amenée délicatement, mais bien tout le contexte historique dans lequel a baigné le yakuza qui compte. De sa prime jeunesse heureuse à un Tokyo défavorisé jusqu'au tristement célèbre séisme de Kanto de 1923, le narrateur raconte tout dans le moindre détail, sans détour ou fausse pudeur, comme les petites magouilles pour survivre, la prostitution ou encore cette mère retrouvée calcinée avec ses enfants et à laquelle il a pris l'argent qu'elle tenait encore en main...
A travers Ijichi Eiji, c'est 50 ans d'Histoire japonaise qui nous sont contés, le Japon de la middle class, le yakuza de quartier, le sort des ouvriers et les brutalités policières. Les histoires d'amour, malheureuses, ajoutent un supplément d'âme à ce précieux témoignage sans jamais en plomber le rythme ou la puissance de l'évocation : Eiji a eu une vie hors du commun, et si le style un peu ampoulé de l'auteur ne lui rend pas forcément justice, les souvenirs suffisent à eux-mêmes pour faire de ce livre une sacré tranche de vie unique en son genre.