La suite et la fin des Mémoires de guerre, dont la traduction et l'annotation par François Kersaudy continuent de constituer un éclairage significatif, révèlent un Churchill implacable dans sa poursuite de la victoire contre le nazisme. L'évolution des différents fronts est tout à fait passionnante et le récit des batailles de Stalingrad, d'El Alamein ou du débarquement sont absolument passionnants.
Sans concession pour Hitler et ses affidés, Churchill se révèle étonnamment naïf devant le personnage retors, paranoïaque et cynique qu'est Staline (à Yalta, Staline présentera Béria à Roosevelt en ces termes : "c'est notre Himmler !"). Et ce, alors que Churchill fut sans doute le plus circonspect des alliés par rapport à l'action de l'URSS et sa libération des pays de l'Est ! De ce point de vue, le livre mérite largement le détour.
Toutefois, on notera quelques regrets :
1) pas d'explication, même succinte, sur l'affaire Rudolf Hess et les conséquences qu'elle eut (ou qu'elle est supposée avoir eu) sur Barbarossa.
2) une trop grande retenue sur l'action très critiquable d'Eisenhower par rapport à la situation tchécoslovaque en 1945 (au moment de la publication des mémoires, Eisenhower est, il est vrai, devenu président, et, souvent, le récit choisit une approche plus politique qu'historique qui l'éloigne sans doute autant de la vérité !).
3) une critique très édulcorée sur la succession de Roosevelt en 1945 et des erreurs d'appréciation du nouveau président, Truman, sur l'URSS.
4) une emphase un peu agaçante car systématique et peu crédible, de certains généraux anglais, notamment Montgomery.
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