Dans Les souvenirs de Ferdinand Taupe, premier roman de la série des mémoires de la forêt, nous allons faire la connaissance d'Archibald Renard, libraire de père en fils qui recense les livres des habitants de la forêt et les conseille à ses clients. L'un d'entre eux, Ferdinand Taupe vient d'ailleurs pour récupérer l'exemplaire qu'il a laissé à la librairie il y a des années, ses mémoires d'outre terre. Elle lui serait bien utile, car il souffre de la maladie de loublie tout et aimerait relier les pièces de ce puzzle ephèmère qu'est sa mémoire, s'aidant de ce fil d'Ariane que sont ses mémoires. Problème, Archibald vient de vendre cet exemplaire unique, et il est incapable de se souvenir à qui. Va donc débuter une quête de ce roman au travers de la forêt, où Archibald va guider Ferdinand entre deux trous de mémoire et quelques rencontres, le tout agrémenté de concert de musique, de photo, et de goûter à base de chocolat guimauve.
Sous ses allures de romans jeunesse, ce titre aborde avec subtilité et délicatesse, en ce mettant à hauteur d'enfant, la question des maladie cognitives, la quête de ses origines, de son histoire et ce que vivent les personnes atteintes de Maladie d'Alzheimer. Mickaël Brun-Arnaud, l'auteur, a travaillé comme psychologue pendant des années auprès de patients atteints de cette maladie. Il en ressort une justesse et une précision non dénué de poésie pour nous décrire les dégats de cette maladie chez le premier concerné, mais également les impacts par ricochet dans son entourage. Les personnages d'Archibald et de Ferdinand sont superbement crée et décrit, leur interaction fait de ce périple un superbe buddy-story, très touchant. Les autres personnages sont parfois longuement décrit et installé pour finalement un impact sur l'histoire assez minime impliquant une sensation de longueur sur certains chapitres. Par ailleurs, des flashback sont amené de manière cavalière, nous perdant parfois dans le fil de l'histoire (une façon méta de nous faire ressentir les effets des troubles cognitifs?). Mais globalement, l'écriture est fluide, bien trouvé, à niveau des enfants sans tomber dans la mièvrerie.
Les dessins de Sanoë servent parfaitement le propos, s'inscrivant dans ce mélange de précision, de justesse et de poésie.
En dehors de ces quelques défauts minimes, j'ai été séduit par ce texte, agréable à lire à haute voix, qui a également conquis mon jeune public ( 6 et 8 ans). Il permet par ailleurs d'aborder facilement, et très justement je trouve, la maladie d'Alzheimer, la vieillesse, la famille... des thèmes capitaux et pas souvent très bien traités dans la littérature jeunesse.
Belle réussite, nous poursuivrons avec joie ces balades en forêt, accompagné d'Archibald dans ces prochaines aventures.