Brautigan c’est l’Amérique, la vrai.
Une Amérique libre et révolue, un peu dégantée aussi.
Une Amérique des coins paumées, au milieu de nulle part mais partout à la fois, où il n’y a pas grand-chose à faire mais beaucoup à raconter.


Mémoires sauvées du vent, c’est une poussière de cette Amérique, la remonté dans le temps de son narrateur qui nous raconte son enfance à travers ses yeux d’enfants, son recul d’adultes et des mots situés quelques part entre les deux. Il a douze, treize ans, est grand pour son âge et porte de veilles tennis « fondues » à ces pieds qui altèrent sa vision du monde pendant qu’il pêche les pieds dans l’eau sur le ponton bringuebalant qu’il s’est construit au bord d’un étang peuplé de gens bizarres. Et on apprend à le connaître, on s’attache à ce petit enfant maintenant adulte, à ses observations drôles et touchantes, formidables de simplicité, sur tout ce qui l’entoure. Et on plonge dans la douce mélancolie débordant d’humour et de tristesse de cette enfance qui se rapproche de sa fin annoncée, en février 1948. Et on découvre la puissance tragique d’un souvenir, d’un destin, qui n’est qu’une poussière d’Amérique.


Mémoires sauvés du vent, poussières d’Amérique



« Les meubles neufs n'ont aucun caractère, alors que les vieux
meubles ont toujours un passé. Les meubles neufs sont toujours
muets,mais les vieux meubles parviennent presque à parler. Il est
pratiquement possible de les entendre parler du bon vieux temps
et des difficultés qu'ils ont traversées. »



L’Amérique de Brautigan, c’est comme un de ces vieux meubles dont il parle. L’Amérique de Brautigan nous présente le bon vieux temps et les difficultés qu’elle a traversée, dans ses coins paumées, au milieu de nulle part, mais partout à la fois. L’Amérique de Brautigan, c’est celle de ses personnages, de ce viel homme qui vit au bord d’un étang dans une cabane faîte de bric-à-brac, de ces enfants qui s’amusent avec des fusils, de ce vieux trentenaire alcoolique gardien de nuit qui ne garde rien sauf ces bouteilles de bières vides, de ces parents qui déménagent dans le silence quand ils perdent leur fils, de cet enfant rendu fou par la pauvreté et les dérouillés de son père et qui deviendra le père d’un enfant rendu fou par la pauvreté et les dérouillés de son père, de ce pompistes qui vend des verts pour les pêcheurs mais pas d’essence, de ce couples qui vient pécher tous les soirs et qui installe toujours ses meubles au bord de l’étang, son petit salon à ciel ouvert.


Brautigan c’est l’Amérique, avec une grande âme.

Clode
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le 4 août 2015

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Clode

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