À travers des milliers de systèmes appartenant à une Humanité aux ordres d'entreprises sans scrupules, un tueur à gages, toujours accompagné de sa mystérieuse mallette, prospecte depuis des siècles les différentes planètes colonisées à la recherche des meilleurs contrats. Mais ce tueur n'est pas un homme comme les autres.
Déplaçant sa conscience de corps en corps au gré de ses missions grâce à un antique artefact extraterrestre, il a depuis longtemps abandonné l'espoir de vivre une vie normale au profit d'une nouvelle forme d'immortalité.
Mais depuis peu, cette idée de vie éternelle vacille. A force de manipuler ses souvenirs, son esprit s'étiole, le tueur perd de plus en plus le contrôle sur sa propre mémoire, ses crises de souvenirs se montrent de plus en plus insupportables et l’avancé inexorable d'un étrange cauchemar... le cauchemar noir, menace de l'engloutir définitivement.

Auteur de plus de 30 livres et créateur d'un univers de Space-opera aussi dense que intéressant, Laurent Genefort n'est pas un inconnu dans le milieu de la Science-fiction française.
Personnellement je viens tout juste de découvrir l'univers de cet auteur via Mémoria, l'un de ses derniers livres de Science-fiction.

Le livre est divisé en 3 parties plus une nouvelle.
Chacune de ces parties représente un des contrats du héros sur une planète quelconque. La première se déroule sur un monde industriel du nom de Kuiper, la seconde sur un monde dirigé par un système de caste ultra-rigide et la dernière sur une planète en plein trouble politique et ethnique.
Avec un soupçon de Jack Vance et un petit peu de John Varley dans l'écriture, Laurent Genefort s’attache à nous présenter en détail la société dans laquelle évolue le tueur.
À la fois riche dans ses descriptions et foisonnant dans ses idées sur la flore, la société où les codes culturelles, le style de l'auteur s'avère agréablement fluide et incroyablement accrocheur.
La description n'empiètent jamais sur l'intrigue et cette dernière, malgré un fil conducteur un peu fragile, se montre des plus palpitantes à suivre.

Mémoria suit donc les tribulations d'un tueur à gages d'un genre particulier. Un tueur sans nom capable de prendre le corps d'une autre personne et d'absorber une partie de ses souvenirs. En agissant comme un parasite, ce mercenaire a acquis un statut de légende auprès des multimondiales et une forme particulière d'immortalité.
Mais cette immortalité a un prix : Au fils des siècles et à force d’emmagasiner les pensées et les souvenirs des autres, cet assassin interstellaire n'est plus capable de se définir en tant qu'individu.
Plus de nom, plus de passé, plus d'origine, le tueur n'est plus vraiment un être humain et se demande même si il l'a été un jour.

Le tueur est donc une personnalité assez fade qui ne ressent que peu de chose et qui logiquement n'a pas vraiment de caractère. Il n'a ni passé, ni personnalité et c'est là la grande qualité du livre : rendre attachant un personnage qui théoriquement ne peut même pas être défini comme un être humain.
A travers les pensées de son héros, le livre parle de la notion d' individualité, de l'importance de nos souvenirs, de la place du libre-arbitre dans nos décisions et de la vie en société.
Ses pensées (et du coup la narration) sont très souvent parasitées par les souvenirs et la personnalité de ses hôtes.
Ainsi, le personnage principal n'est pas vraiment un personnage mais la somme de différentes personnes. Il en résulte un ton assez neutre et sans fioriture qui pourrait laisser sur le carreau plus d'un lecteur. Personnellement, j'ai adoré suivre les pas de ce « vampire psychique » en quête d’identité mais je regrette tout de même l'absence de prise de risque dans le choix des hôtes : pas de femme, pas d'animal, ni d'enfant.

Si le livre souffre d'une ambition un peu limitée et d'un style simple lorgnant un peu trop du coté de la nouvelle, mémoria se rattrape largement par une pléthore de qualité : une écriture fine et ciselée, un univers de space-opera riche et cohérent, une ambiance originale et prenante et une narration fluide qui va à l'essentiel sans rallonger la sauce inutilement.
En bref, mémoria est un excellent moment de lecture pour les fans de Space-opera et une très bonne porte d'entrée pour découvrir l'univers de la Panstructure.
Asarkias
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le 10 mars 2015

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Asarkias

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