Relatant les succès et aléas d'un tueur galactique aux méthodes peu orthodoxes, Mémoria s'insère dans un univers extrêmement riche, la Panstructure, où les hommes se sont répandus dans les étoiles via un réseau de portes laissées sur place par une espèce disparue.

Le tueur, héros et narrateur du roman, est l'unique possesseur d'une mallette extraterrestre qui lui confère la capacité de se transférer d'un corps à l'autre, à l'instar d'un virus, afin d'en prendre le contrôle et d'approcher ses cibles sans éveiller les soupçons. Absorbant les mémoires de ses hôtes, et ce depuis des temps immémoriaux, son identité et ses propres souvenirs ont depuis longtemps disparu en tribut de son immortalité. Et ce vide ouvre de plus en plus souvent la porte au «cauchemar noir », réminiscence obscure tapit au cœur de la machine, la Mémoria.

Laurent Gennefort écrit bien, et déborde d'idées. L'univers de la Panstructure est ainsi rempli de trouvailles géniales, qui ne demandent qu'à être développées (le lexique de cet univers, à la fin de Mémoria, est à lire absolument et de préférence avant le corps du livre).

Mais si celui-ci se lit d'une traite, il est difficile de se départir de l'impression d'avoir lu un enchainement de nouvelles plutôt qu'un véritable roman. L'achèvement de la première mission du tueur, au premier tiers du livre, surprend. Le démarrage laissait pourtant espérer une histoire très ambitieuse. Une seconde, puis une troisième et dernière « mission » lui succèdent, hachant le récit, ménageant des pauses peu utiles au demeurant. La fin rattrape toutefois les lenteurs et défauts de narration, hissant Mémoria dans la catégorie des « bons romans de SF française ». Enfin, l'ajout à la fin du livre de la nouvelle « La Nuit des Pétales », qui fait appel au même héros, renforce encore cette impression de découpage en nouvelles mais permet d'aborder un aspect laissé de côté par Mémoria.

En soi, il aurait été judicieux de faire de Mémoria un recueil de nouvelles, dans lequel « La Nuit des Pétales » se serait naturellement glissée. Sous sa forme actuelle, le roman laisse un sentiment mitigé, heureusement rattrapé par la plume et les idées foisonnantes de l'auteur.
ToitagL
7
Écrit par

Créée

le 19 nov. 2011

Critique lue 229 fois

ToitagL

Écrit par

Critique lue 229 fois

D'autres avis sur Mémoria

Mémoria
Crolyv_Borée
10

Intriguant

Comment tuer un homme important toujours entouré de dizaine de garde du corps ? Rien de plus simple, prenez le contrôle du corps et de l'esprit d'un ses proches. Isolez vous avec lui. Descendez le...

le 16 févr. 2015

1 j'aime

Mémoria
Hard_Cover
5

Critique de Mémoria par Hard_Cover

Le personnage principal de Mémoria, dont on ne sait presque rien jusqu'à la fin du roman, est un tueur professionnel, dont les méthodes sont originales. En effet, il transfert sa conscience dans...

le 19 déc. 2010

1 j'aime

Mémoria
Shahar
9

Critique de Mémoria par Shahar

J'ai beaucoup aimé ce livre. L'univers est bien planté et cohérent, et le suspense tient jusqu'à la fin. Par contre, je trouve que l'on évoque trop les souvenirs qui remontent à a surface de manière...

le 5 sept. 2019

Du même critique

Le Déchronologue
ToitagL
9

Critique de Le Déchronologue par ToitagL

Les Caraïbes, des pirates, des galions espagnols, et un espace-temps qui se délite : voilà les principaux ingrédients du « Déchronologue », qui mêle flibuste et voyage temporel avec brio. Année 1640...

le 3 nov. 2011

6 j'aime

1

Moi qui n'ai pas connu les hommes
ToitagL
8

200 pages d'étrangeté

Quel curieux livre que ce petit poche d'à peine 200 pages. L’écriture, tout d'abord : la prose de Jacqueline Harpman est des plus singulières, toute en virgules, phrases interminables et tournures...

le 5 mars 2014

5 j'aime

3

Perdido Street Station
ToitagL
6

Critique de Perdido Street Station par ToitagL

Poursuivant là où le 1er volume s'était arrêté, on retrouve nos différents protagonistes, dans la mouise jusqu'au coup, cherchant à comprendre quel monstre ils ont bien pu libérer malgré eux et...

le 12 août 2013

3 j'aime

5