Livre de drogué
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Roman au parcours chaotique, puisque écrit en 1966 par un Philip K. Dick traversant apparemment une période particulièrement active du point de vue consommation de stupéfiants, publié sous forme tronquée, puis réapparu après la mort de son auteur avec des pages manquantes (finalement retrouvées semble-t-il), "Mensonges & Cie" n'aurait jamais dû être publié dans sa "version intégrale", ou tout du moins sans avertissement au lecteur a priori enthousiasmé par la découverte d'un inédit de son idole : il s'agit tout simplement d'un livre sinon illisible, du moins complètement informe, qui ne peut guère que générer une terrible frustration chez celui qui l'ouvre. Pire, commençant par une bonne centaine de pages quasi brillantes, "Mensonges & Cie" fait trompeusement naître en nous le sentiment de découvrir un nouveau chef d'oeuvre : car voici un thriller futuriste palpitant, construit sur une idée géniale digne des meilleurs romans de Dick... qui s'effondre littéralement à la faveur de ce qui semble d'abord être un décrochage vertigineux. On s'accroche donc devant cette substitution de personnages, cet enchaînement de récits psychotiques de visions sous LSD, puis cette apparition incessante de nouveaux personnages à peine ébauchés nous proposant de nouveaux écheveaux d'intrigues qui ne seront pas développés... Après tout, fidèles de l'Auteur, nous sommes quand même chez nous au milieu de cet imbroglio de délires psychédéliques, de réalités alternatives, avec en plus l'apparition d"un livre qui décrit à l'avance (ou pas) le futur... Sauf qu'on réalise peu à peu que tout cela ne forme qu'une sorte de premier brouillon d'un livre bien plus long, plus ambitieux, que Dick n'aura visiblement jamais terminé. Le pire s'avère alors le retour final à l'intrigue et aux personnages initiaux, bouclant "Mensonges & Cie" de manière assez classique, voire simpliste, confirmant l'impression que l'excroissance monstrueuse au coeur du livre - qui aurait peut-être pu s'avérer fascinante - n'a été en fait que le résultat de l'insertion hasardeuse de pages "de brouillon" retrouvées dans les poubelles de l'auteur décédé. On a le droit d'appeler ça un pur "foutage de gueule" de la part de l'éditeur. [Critique écrite en 2017]
Créée
le 21 janv. 2017
Critique lue 522 fois
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