Tout le monde connait Arthur, Morgane, Lancelot, Viviane, Gauvin, Yvain, le Graal, Merlin... ou presque!
Presque?
Oui, car mieux que le bijou cinématographique de Boorman, le roman du XIIIe siècle de Robert de Boron trace avec un style historique et biblique une parfaite fresque partant de l'aube des temps jusqu'au sacre du Roi Arthur. Il amorce ainsi un long cycle arthurien qui se distingue des textes de Wace, Monmouth ou Chrétien de Troyes et plonge le lecteur dans un univers proche parfois du Seigneur des anneaux.
Merlin y est un enchanteur s'adonnant aux coups d'éclats comme aux crises sylvestres de misanthropie, à la fois devin et illusionniste, sincère et menteur.
C'est un solitaire qui doit ses pouvoirs aussi bien au diable - les connaissances du passé - qu'à Dieu - l'omniscience du présent et la perception de l'avenir.
Du plan machiavélique à l'origine de sa création aux épreuves du fils d'Uter, Merlin recouvre tout un pan de l'histoire britannique (certes de façon, ô combien!, plus condensée que ne le fait le récit de Wace), remplissant les premières heures de la chrétienté de merveilles telles que de gigantesques tombeaux, de fabuleuses batailles, de tours qui s'écroulent sans raison, d'oracles ou de dragons.
C'est donc un récit étiologique du Royaume-uni et de ses merveilles comme Stonehenge et un retour au monde médiéval et ses prestiges.
Une invitation à un monde où le diable - qui est une légion de démons unis sous une seule bannière - frappe la nuit ceux et celles qui n'ont pas fait leur prière, brouille la vision des clercs pour leur faire commettre des crimes atroces et se joue des faiblesses humaines pour son plus sadique plaisir. Face à lui, un antéchrist perdu, devenu devin de Dieu, conseiller éclairé des rois et protecteur du Graal: Merlin !
Je vous recommande ce chef- d'oeuvre médiéval qui ravira tous, les lecteurs en quête de savoir comme les lecteurs à la recherche d'un bon moment de détente.