Livre de Chloé Delaume, découvert salutairement après les « sorcières de la république »,
bien m’en a pris, pour une lisibilité de pensée de cette autrice prolixe, autant que radicalement cohérente.
Celle-ci présente son œuvre comme 'un appel,' avec des éléments de manifeste (sous réserve que je ne trahisse pas sa pensée), d’aucuns, d’y voir un accompagnement à cette vague étiquetée 'de 4ème', dans l’histoire longue du féminisme ou plutôt des féminismes.
Et ainsi, de décortiquer de façon relativement humoristique, une entreprise de construction (non pas de déconstruction), d’un mythe et d’une dynastie ancestrale nourrie de l’église chrétienne, du capitalisme du mâle dominateur, du papatronat, et ainsi de suite (mâle alpha, couilidé…)… cela à l’aune de l’apocalypse d’après Wenstein (apocalypse au sens de 'révélation'…)
L’autrice démontre comment cette emprise est systémique, celle qui se distille dans les bureaux, métros, entre photocopieuse ou au coin des squares, et autres lieux que ‘les frotteurs anonymes fréquentent la bosse dans le pantalon’. Tandis que de très loin, le quotidien d’une femme au pays dit des droits de l’homme, est imbibé de cette gaudriole des hommes bien ou mal pensants, biberonnée à la culture latino grasse, tandis que d’autres femmes soumises à une domination et discrimination multi azimut, que l’on définit depuis Crenshaw sous le concept d’intersectionnalité.
En rappelant que ‘même les anxiolytiques deviennent durs à avaler’, C. Delaume ne se prive pas de citer de nombreuses défricheuses de la misandrie, comme V. Solanas, qui prône l’avènement ‘d’un monde féminin, décomplexé, fun et trippant, où une fois l’argent éliminé, il deviendra inutile de tuer les hommes’. Celle qui a fait trois ans de prison pour tentative de meurtre avec préméditation sur la personne d’A. Wharrol.
C. Delaume déploiera ainsi tout au long d’un propos vibrionnant, un essai documenté et limpide, avec une pensée érudite tout autant que provocatrice ‘les larmes autant que la parole’, reposant sur un historique et une linguistique non dogmatiques où perce le désir de transmettre.
Plaidant pour une sororisation générale, un ralliement des femmes, une éthique de vie sans ‘déesse ni maitresse’, sa voix organique va droit au cœur et tripe de la ou des ‘amie-s inconnue-s’.