Métamorphose en cours de route...
2008, une dizaine de concerts, des escapades aux six coins de l'hexagone, et les mots de Malzieu pour exalter le tout et le figer dans mon esprit.
Les trois premiers livres de Mathias sont intimement liés à une époque de ma vie. Son univers poétique et naïf, c'était devenu le mien. De Roald Dahl à Vian, j'avais les même références.
Depuis j'ai lu pas mal de livres dont l'appartenance à la "grande littérature" est beaucoup moins contestée (euphémisme), mais aujourd'hui encore, je ne supporte pas que l'on critique de manière assassine la prose de Double-M. Dans son genre, ça reste du solide.
J'attendais ce livre au tournant. En trois ans, je savais que j'avais beaucoup changé, du coup, j'avais peur de me plonger dans « Métamorphose... », peur du time warp ou au contraire, de l'absence de time warp.
J'aimerai vous dire que j'avais tort, mais ce n'est pas tout à fait le cas.
Le style ne change pas, mais c'est flagrant : il s'affine et gagne en puissance. De ce côté là, c'est tout bon et c'est parfois même impressionnant de poésie. Ce qui me laisse à moitié convaincu, c'est l'histoire.
Avec "Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toi" j'étais trimballé la nuit sur un longboard, dans des parkings, des cimetières, une maison rongée par les ombres, et puis de l'autre côté où les gens sont des oiseaux mangeurs de nuages, et puis ma gorge se serrait sans cesse. Quelle magnifique façon de voir le deuil, de positiver, de construire. Un livre en abîme dans son propre contenu...
Pendant "La mécanique du cœur" je suis parti d'Écosse pour atterrir dans une espèce de cour des miracles en pleine Andalousie. Me voilà en train de tourner les pages du bouquin comme la manivelle d'un orgue de Barbarie, au rythme des Clic Cloc Ding Dong, sur fond d' « Oh When the Saints ». Qu'est-ce que c'est beau, quelle esthétique ! C'est merveilleux ! J'en veux aussi moi, d'un cœur mécanique pour remonter le temps, je veux m'en tordre les aiguilles jusqu'à me rappeler le goût que ce livre m'avait laissé sur la luette à sa première lecture !
Mais quelle force, quelle puissance, quelle poésie ! Mathias vise juste, chaque page appelle la suivante, et cette fin à s'en arracher le cœur ! Y a-t-il seulement un passage de trop dans ce livre ?
La métamorphose est plus lente, trop lente à vrai dire. On reste figé entre un hôpital ou sur son toit. C'est moins touchant que "Maintenant..." avec un univers beaucoup moins complet que dans "La mécanique...".
Il reste de très beaux passages, mais parfois c'est laborieux, on stagne un peu. On aimerait qu'il se passe plus de choses. L'agonie vient rapidement bouffer l'action. Ça prends moins bien. Et puis la fin, on la devine depuis l'intervention de la femoiselle. C'est trop rectiligne, ça manque de digressions, de rebondissements...
Mathias, j'ai passé un bon moment avec ce livre. J'ai même fais le pied de grue le jour de mes 24 ans pour te voir jouer le plus mauvais cascadeur du monde devant un parterre de femoiselles en fleurs, et pour glaner une dédicace. Mais tes métaphores ont perdu en puissance, en magie dans ce nouveau volume. Ou alors c'est moi qui devient un vieux con. Sûrement un peu des deux.
J'avais mis 9/10 aux deux autres, je mets 7/10 à celui ci. Ne te méprends pas, j'attends le prochain. Sans tricher, sans toucher à mes aiguilles.
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