J'ai mis longtemps avant de faire une critique de ce livre, sans doute parce que je me suis forcé à le finir tant il y a de conneries au kilomètre carré. Et que je ne suis pas doué pour les critiques littéraires, pour peu qu'on appelle cela de la littérature. Pour vous dire, il n'arrêtait pas de tomber de mes mains tant la vision des choses, les faits évoqués sont soit faux, hasardeux ou complètement biaisés. Je savais que dans un sens, il allait être intéressant, mais alors je n'imaginais pas à quel point. Je n’ai rien contre le fait qu'un "non historien" fasse un livre de sa passion pour l'histoire. Certains s'en sortent très bien, comme François Reynaert pour ne citer que lui. Mais là, n'importe qui ayant un minimum de bagage historique verra les erreurs monumentales.
Car l'histoire est une matière particulière, qui repose sur des FAITS, des SOURCES, et qu'un travail de recherche s'impose car l'histoire est faite d'hypothèses qui peuvent être discutées et remises en question. Deutsch ne s'embarrasse pas de ça. Les sources ? NOPE. Il n'y en a pas. L'auteur ne suppose pas, il affirme. Il confirme des énormités, des erreurs, comme par exemple, le fait que l'empire romain d'orient a influé sur l'architecture de certains monuments en envahissant la Gaule, ou que les Goths sont à l'origine du style gothique. Donc, une vision biaisée, pleine d'à priori ne reposant sur aucun fondement.
Mais surtout, le livre est l'histoire d'une opposition entre les rois, la bourgeoisie et le clergé d'un côté, celui des gentils, et le "peuple", masse informe, du côté des méchants. Pour Deutsch, les rois et les saints ont fait la France et c'est par leur vision des choses qu'il nous raconte SON histoire de France. Or, nous le savons maintenant, une telle vision est complètement fausse. Et comment appelle t-on cela ? Du révisionnisme. Tout à fait. Les rois, les saints, ont fait de belles actions, glorifiées sur des dizaines de pages. Les patrons sont bons, et ce même s'ils veulent baisser les salaires, déjà pas bien lourds, de leurs escla... employés. Le peuple ? Juste des gens bons à se mettre en colère pour tout et n'importe quoi comme Mélenchon. Ce royaliste oublie que si le peuple se mettait en colère, il avait sans doute de bonnes raisons de l'être... Mais non, vous ne trouverez pas cela ici. le peuple est con, POINT. La Révolution ? Faite pour de mauvaises raisons. La Commune de Paris ? Un petit paragraphe... UN.PETIT.PARAGRAPHE. Putain, même le Cri du Peuple de Vautrin pour le roman et Tardi pour la mise en images sont plus complets!
Quant aux femmes, à part Sainte-Geneviève, et Jeanne d'Arc ( qu'il décrit comme étant la demi-soeur de Charles VII alors que cela n'a jamais pu être prouvé!) elles sont toutes des rombières dénuées de toute intelligence.
Voilà en gros, la vision de Deutsch de l'histoire de France. Une vision pitoyable, fausse, dénuée de tout sens critique ou d'analyse et qui l’annihile chez le lecteur moyen en usant d'artifices. Il aura beau faire, cet artisan de l’histoire bling-bling, défendre autant que faire se peut, dire que tout est exact et que la polémique n'a pas lieu d'être, ce torchon est une imposture.
Mais le plus choquant, sur le plan perso, n'est pas que Deutsch ait écrit un ramassis de conneries et que les médias ont relayé tout cela ainsi que ses erreurs sans critique aucune, ou qu'il existe un deuxième volume. Non, c'est que mes parents, qui ont pourtant toujours encouragé ma frangine et moi à développer notre sens critique, l'aient acheté. Comme quoi avoir accès aux médias pour les historiens de bazar, ça fonctionne auprès des masses.

Julius
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le 7 août 2017

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