Difficile d'écrire la critique d'un livre qui m'est tombé aussi rapidement des mains. Je me contenterai donc d'une rapide description de mon expérience de lecture : celle d'assister à une logorrhée vaine qui ne réussit jamais à saisir son objet.
On comprend le point de vue de Kamel Daoud (qui n'est pas sans intérêt et dont j'apprécie au demeurant certaines idées), on entend sa colère, on la voit même. Mais elle reste informe, comme celle d'un enfant qui frappe sa pelle contre le sable car son château s'est effondré, créant pour ses témoins davantage d'irritation que d'empathie.
Et puis je ne comprends toujours pas cette habitude de nombre d'auteurs français et francophones de tourner autour du pot pour nous dire qu'ils vont nous raconter une histoire, ou qu'ils sont en train de le faire, au lieu de tout bonnement la raconter. Cette distance artificielle, qui se donne des airs "méta" (méta-quoi, je n'en sais rien) ne semble avoir aucune raison d'être si ce n'est celle de l'auteur se regardant écrire et ne réussissant pas à s'immerger lui-même dans son récit, car ce plongeon demande une dissolution de l'ego dont il est incapable.
Tout cela est très paradoxal car on imagine Daoud admirateur de Camus. Pourtant, au-delà de la forme, rien ne semble plus éloigné de la poésie naïve de L'Etranger que Meursault contre-enquête. C'était sûrement l'objectif de Daoud. Mais cela méritait-il un roman ? J'avais lu à sa sortie un article de l'auteur présentant son livre et sa démarche. Il était excellent. J'aurais dû m'en contenter.